Lettre mensuelle n°63 – Avril 2017 | Motricité et Explorations Fonctionnelles Digestives aux JFHOD 2017

Chers Ami(e)s,

A l’occasion du dernier congrès des JFHOD qui s’est déroulé du 23 au 26 mars 2017 la commission Motricité du CREGG a le plaisir de vous présenter une sélection de travaux dans le domaine de la motricité colorectale. Le nombre, et parfois le chevauchement des différentes sessions ne permettant pas d’assister à l’intégralité les communications ! Aussi nous vous proposons un bref aperçu de deux travaux qui nous ont semblé particulièrement intéressants et pouvant directement influencer notre prise en charge quotidienne. 

Dans le domaine de la constipation chronique de nouvelles recommandations ont été coordonnées par Véronique Vitton, Laurent Siproudhis et Henri Damon, éditées sous l’égide la SNFCP en collaboration avec la SNFGE et le GFNG. La version courte de ces recommandations est disponible en ligne sur le site de la SNFCP et le site de la commission motricité. Il est difficile de résumer en quelques lignes un ouvrage de 230 pages (version longue) néanmoins nous pouvons revenir sur quelques points :

  • sur le plan médical :
    1. les différentes classes de laxatifs ont été détaillées de façon exhaustive ;
    2. les laxatifs stimulants, longtemps diabolisés, peuvent être proposés en recours si les patients n’ont pas eu de selle durant plusieurs jours ;
    3. les suppositoires d’Eductyl peuvent être recommandés en 1ère intention dans la constipation d’évacuation ;
    4. malgré l’absence de données scientifiques il est possible de recommander une association des différentes classes de laxatifs.
  • Sur le plan de la kinésithérapie : l’intérêt de la rééducation abdomino-périnéale par biofeedback demeure une pierre angulaire du traitement de la dyschésie avec asynchronisme abdomino-pelvien.
  • Le recours aux thérapies non conventionnelles dites alternatives, peut être recommandé chez des patients en échec des traitements conventionnels, en fonction du contexte et de l’adhésion du patient pour telle ou telle approche.
  • Sur le plan chirurgical : 
    1. la chirurgie des troubles de la statique pelvienne peut être un facteur d’amélioration de la constipation terminale sous réserve d’une imagerie radiologiquement significative et en rapport avec la symptomatologie du patient ;
    2. lorsqu’une approche opératoire se discute pour un patient présentant une constipation de transit, la colectomie totale est l’intervention de référence recommandée. On ne peut pas recommander la colectomie segmentaire. Bien entendu cette chirurgie de résection demeure exceptionnelle et son indication ne se pose qu’après échec de tous les autres traitements de la constipation.

Dans le domaine de l’incontinence anale Laurent Abramowitz & al ont réalisé un essai randomisée multicentrique : « Evaluation de la continence anale après un 2ème accouchement lorsque le premier a été traumatique ».  Il s’agit d’une étude remarquable par sa qualité méthodologique. De 2008 à 2015, 434  parturientes ont été inclues, les critères d’inclusion étaient : parturientes ayant eu une déchirure du périnée ou un forceps lors de leur 1er accouchement. En cas de rupture sphinctérienne révélée par l’échographie endo-anale, une randomisation du mode d’accouchement était proposée : césarienne ou voie basse.  L’incontinence anale transitoire du post partum était réduite en cas de césarienne, néanmoins la césarienne n’a pas démontré d’effet protecteur sur l’incontinence anale à six mois.  L’incontinence urinaire et les autres comorbidités étaient également similaire 6 mois après le 2ème accouchement. Les auteurs concluent donc que ces résultats ne permettent pas de promouvoir la césarienne dans ce contexte : défect échographique du post partum asymptomatique. 

Adhérez à la commission motricité !

Docteur Henri Damon
Président de la commission Motricité