E-santé

Aujourd’hui, la digitalisation, l’intelligence artificielle (IA) et le big data semblent s’inviter dans tous les domaines de notre vie et la médecine, malgré son attachement indéfectible aux fax et aux dictaphones à cassette, n’y échappera pas. Ces termes peuvent faire évoquer au premier abord des délires futuristes de science-fiction où hologrammes et machines humanisées seraient notre quotidien. Cependant, l’intelligence artificielle et le big data sont déjà aux portes de nos cabinets, et sont déjà en train de s’implanter peu à peu dans notre pratique.

L’IA et le big data en médecine sont des domaines passionnants et en pleine mutation. Des IA sont désormais capables de découvrir de nouveaux antibiotiques en screenant des bases de millions de molécules, Deep Mind (filiale d’intelligence artificielle de Google) a résolu un problème vieux de 50 ans : prédire la structure 3D des protéines à partir de la séquence d’acide aminées et la dermatologie et l’endoscopie bénéficient déjà en pratique courante d’IA capable de rivaliser en sensibilité et en spécificité avec un panel d’expert pour détecter les cancers de la peau ou les polypes du colon. L’utilisation des gigantesques bases de données dont nous disposons en France du fait de la centralisation de nos remboursements de santé sur 1 million de diabétiques exposés/non exposés a permis dans l’affaire du Mediator de valider en quelques semaines le lien entre la prise de ce médicament et les valvulopathies.

Bien sûr, nous n’en sommes qu’aux balbutiement de la maitrise de ces nouveaux outils et il faudra encore du travail et de la réflexion pour réglementer leurs usages, sécurisés les données et légiférer (qui sera responsable en cas d’erreur de l’algorithme ? Une assurance pourra-t-elle accéder à vos données avant de vous assurer ?). Certains peuvent craindre que l’intelligence artificielle nous remplace mais cela semble peu probable. La médecine est un art, et nos décisions sont le fruit de la prise en compte de nombreux paramètres complexes : psychologie, attentes du patient, examen clinique, examens complémentaires, données E.B.M., expérience personnelle, croyances… Et cela fait que l’on ne nous remplacera pas aisément…

L’IA et la digitalisation de la médecine devrons surtout nous aider à optimiser notre travail au quotidien, nous aider à déléguer certaines tâches répétitives pour laisser plus de temps aux personnels de santé pour les taches complexes et empathiques.
Malheureusement aujourd’hui, nous sommes souvent confrontés dans notre quotidien, notamment dans nos cliniques, à des outils numériques imposés, dépassés, non inter-opérables, débordant de clic inutiles et absolument non pensé par et pour les soignants.
Si en médecine nous avons beaucoup de retard sur la digitalisation, les choses commencent à bouger : télémédecine, télé-expertise, agenda et logiciels métiers en ligne, Ségur numérique de la santé avec obligation pour les développeurs de logiciel d’être enfin interopérables et de communiquer avec le nouveau « mon espace santé » succédant au DMP et créé automatiquement pour tous les français sauf opposition de leur part.
Nous sommes actuellement dans une phase de transition avec l’émergences de multiples solutions numériques ou applications qui rendent le paysage numérique en médecine encore assez complexe…
Aussi, la commission e-santé du CREGG vous aidera à y voir plus clair en :

  1. Vous proposant des éclairages sur la e-santé lors des forums du CREGG
  2. En vous proposant des outils fait par des médecins pour les médecins, comme par exemple :
    1. Easy MICI : un logiciel de données structurées pour suivre ces MICI
    2. Ma colo (patient) : une application patient pour la préparation colique
    3. Ma colo médecin : une application pour les médecins et leur secrétariat pour créer des dossiers de coloscopie en 3 clics, bien utiles lors des téléconsultations
    4. WEMIGO : une plateforme de télé-expertise pour obtenir un avis d’expert sur vos cas de MICI complexe
    5. Un livre sur la santé numérique et l’hépato gastro-entérologie.

La digitalisation de la santé et le big data seront un enjeu majeur des années à venir. N’ayons donc pas peur de devenir des médecins « augmentés » et impliquons-nous fortement dans ces domaines afin que ces outils continuent à être à notre image, humains !

Dr Anne Laurain
Présidente Commission E-santé