Hépato-gastroentérologie : horizon 2010

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Si l’on évoque les pyramides de la gastroentérologie, on peut craindre d’emblée que comme toute expression chiffrée, elles soient parfois en trompe l’oeil après avoir été un mirage.

En 2001, à l’époque du Livre Blanc de l’HGE on pouvait affirmer que l’hépato-gastroentérologie était une discipline médicale riche :

  • riche de plus de 600 maladies,
  • riche de bientôt 3 400 praticiens avec un effectif qui avait cru en moins de 50 ans et de plus de 80 % en 20 ans (au premier plan européen),
  • riche d’être aux frontières de l’innovation technologique,
  • riche des outils de formation mis en place et à mettre en place.

Elle a permis à beaucoup de se diversifier. Elle bénéficie depuis toujours d’une répartition territoriale, témoin d’une proximité qui permet une prise en charge optimale des patients et de leurs pathologies.

Elle a eu et a des perspectives d’avenir.

Si l’on se réfère aux pyramides des âges et de répartition par sexe, on peut craindre que comme toutes les disciplines médicales l’hépato-gastroentérologie ne puisse échapper à ce que sont devenues les données de la démographie médicale française ; Chaque année depuis le Président LANGLOIS, le CNOM analyse l’évolution des effectifs avec une réflexion sur les conséquences et les perspectives.

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On l’a murmuré puis on a osé le dire les chiffres actuels sont faussement rassurants (203 487 médecins en activité), même si l’hépato gastroentérologie n’est pas encore sinistrée elle ne peut échapper aux évolutions :

La moyenne d’âge, la répartition par sexe, le séquençage laissant planer l’inquiétude sur la relève.

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Les effectifs médicaux enregistrent une baisse déjà inéluctable, les départs en retraite ne sont plus compensés à partir de 2008 et le problème va s’aggraver jusqu’en 2025. En fait, il aurait fallu tenir compte des départs en retraite pour fixer le numerus clausus, un numerus clausus qui permette la relève.

A très court terme, l’hépato gastroentérologie sera à croissance démographique zéro.

Cela signifie-t-il pour l’instant que nous allons passer de la pléthore à la pénurie.

Il y a eu la croissance antérieure des effectifs.

Il y aura la réalité actuelle et à venir des entrées et des sorties (et la courbe est optimisée).

Il y a bien au-delà de 2010 une équation impossible :

  • l’augmentation nécessaire de l’activité des HGE, liée à l’augmentation de la demande de soins
  • tandis que le potentiel de travail desdits HGE sera réduit :
  • par la diminution des effectifs,
  • par le vieillissement et la féminisation,
  • par la réduction du temps de travail,
  • par la réduction du temps de carrière (déjà l’installation et l’inscription à la CARMF ne s’effectuent plus qu’après 33 ans pour tous les médecins ?).

Nous avons donc tenté (avec les services statistiques, communication de la CARMF et avec le CNOM) de répondre à 3 questions :

  • quels sont réellement les EFFECTIFS ?
  • quelles sont les CARACTÉRISTIQUES des effectifs ?
  • quelles sont les répartitions et pour quels types d’activités ?

Quelles caractéristiques ?

1) Il y a une très forte population de quinquas : c’est la bosse du ventre de la pyramide de l’hépato gastroentérologie (835 sur 2 182 praticiens soit 40 % des effectifs) ; âge moyen 50 ans ;

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2) Il y a une faible féminisation 15 % chez les libéraux, elle est dans les taux les plus bas de la médecine en dessous de certaines spécialités chirurgicales ; mais elle se modifie…

3) Il y a une répartition territoriale harmonieuse, si l’on excepte PACA et PARIS.

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4) Il y a une très faible population importée.

La répartition par régions connaît peu de variations.

La féminisation progresse.

L’hépato gastroentérologie demeure une spécialité jeune.

. Ce qui explique peut être en partie que nous ne ressentons le désarroi démographique qu’avec quelques années de retard par rapport à d’autres spécialités ;

L’importation est limitée.

Mais quelle est l’ACTIVITÉ des 2 182 HGE libéraux ?

  • pour quelles productions ?
  • pour quels revenus ?

. Et il faut « battre en brèche » une réputation de nantis aux actes surrémunérés qui nous a toujours desservi depuis 20 ans.

Le secteur 2 reste minoritaire chez les libéraux.

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La progression des revenus de la discipline n’est pas corrélée (loin s’en faut) à une augmentation significative de la charge de travail.

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Alors demain :

Quelle sera l’hépato gastroentérologie ?

  • face aux nouvelles morbidités ?
  • face à l’évolution de la technologie
  • contrainte de rechercher des gains de productivité ?
  • obligée de partager les taches pour assumer plus en étant moins ?

Il faudra « déplacer les curseurs » du champ de la profession et sans doute déléguer une partie de ce qui fait aujourd’hui notre exercice.

Toutes les hypothèses sont possibles

  • quant à l’évolution de l’imagerie (. qui peut nous échapper)
  • quant à la nécessité de réseaux de soins dans la prise en charge des pathologies chroniques,
  • quant à la prise en charge aigüe des urgences,
  • quant aux transferts des suivis vers les généralistes (mais eux aussi déficitaires).

Il faut dès aujourd’hui prédire demain et ne plus jamais prévoir le passé.

Avec en arrière pensée l’hypothèque au-dessus de nos têtes et de nos profils et de nos exercices que la relève pour plusieurs années n’est pas assurée.

HGE en formation 2005 = ½ 1995 :
Il y a aujourd’hui moitié moins d’internes en HGE qu’il y a 10 ans !