Les traitements par les plantes (phytothérapie) : un monopole perdu par les pharmaciens ! Un besoin d’organiser la profession d’herboriste ? Un programme de fiches médicales d’orientation à la phytothérapie/aromathérapie initié par le CREGG.
Le diplôme d’herboriste a été supprimé le 11 septembre 1941 par le Gouvernement de Vichy. Il n’a pas été recréé depuis, mais les herboristes peuvent, grâce à l’ordonnance n° 45-1976 du 1er septembre 1945, continuer à exercer leur profession jusqu’à leur mort. Force est de constater qu’ils ne sont plus très nombreux aujourd’hui et que la profession d’herboriste va disparaître. Le 5 mai 1945, le Conseil national de la résistance a créé l’Ordre national des pharmaciens, lesquels n’ont pas, depuis, abandonné leur monopole en la matière. Le décret d’aout 2014 bouscule les éléments en autorisant la vente de 34 plantes médicinales inscrites à la pharmacopée par des personnes autres que des pharmaciens et herboristes modifiant ainsi la loi sur la vente des plantes médicinales et la condition d’exercice des herboristes (article L 4211.7), déjà modifiée par ordonnance n° 2000-916 le 19 septembre 2000.
Le décret du 22 aout 2008 n°20008-841 autorise la vente par des personnes autres que des pharmaciens de à peu près 200 plantes médicinales inscrites dans une liste et sous la forme précisée (dans la plupart des cas en l’état ou en poudre). Le sénat a enregistré en 2011, en session extra-ordinaire une proposition de loi visant à créer un diplôme d’herboriste et organiser la profession (sénateur Fichet). Les seules plantes qui peuvent être vendues mélangées sont : tilleul ; verveine ; camomille ; menthe ; oranger ; cynorrhodon ; hibiscus (Décret 2004-802 du 29 juillet 2004).
Une étude de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) en 2002 a estimé le marché mondial des compléments alimentaires à 60.000 millions de dollars US et le chiffre mondial des produits de santé à base de plantes en 2007 était de 83 milliards de dollars US dont 11 pour les suppléments diététiques, 14 pour les aliments fonctionnels, 44 pour les spécialités pharmaceutiques (phyto-médicaments et molécules pures naturelles), 14 pour les produits cosmétiques à base de plantes, avec une augmentation de 10 à 20 % du volume chaque année en Europe. Le chiffre d’affaire 2007 était réparti en terme géographique : Allemagne 28%, Asie hors Japon 19%, Japon 17%, France 13%, reste de l’Europe 12%, Amérique du nord 11% (Nutraceuticals world 2008).
En France, les plantes médicinales sont souvent traitées dans le groupe des plantes à parfum, arômes ou médicinales (PPAM). Les 2/3 de ces PPAM sont destinées à l’extraction d’huiles essentielles et 7 plantes couvrent 90% des surfaces implantées (lavandin, pavot, lavande, sauge, ginkgo biloba, thym, estragon).
Le marché des plantes médicinales est dominé par l’importation de plantes de différents pays ce qui nécessite des contrôles de qualité car la Busserole par exemple a une teneur en arbutine de 12 à 14% en Espagne contre seulement 5% dans les pays de l’Est. D’autre part, la notion de race chimique est importante et le romarin d’Afrique du Nord a des cinéols majoritaires alors que celui d’Espagne a du camphre majoritaire.
La production agricole française se développe toutefois sous la forme de productions intégrées aux laboratoires pharmaceutiques. Quelques plantes médicinales sont ramassées dans la nature cependant. Des directives de bonnes pratiques agricoles existent et il convient de s’assurer de l’absence facteurs génétiques, extrinsèques ou de contaminations externes.
Nous nous devons de connaitre les bases de la phytothérapie ainsi que les différentes plantes utilisables dans notre pratique quotidienne et leurs indications, car nos patients peuvent être mal conseillés.
C’est pourquoi la commission thérapie complémentaire du CREGG (Dr F. Vicari) a lancé un programme de fiches d’orientation médicales qui regrouperont les éléments de certitude par grands symptômes dans notre discipline et seront une aide à la consultation, validée par un groupe multidisciplinaire de pharmaciens, médecins, conseillers en plantes médicinales, phyto-aromathérapeutes…
Le rôle du spécialiste des maladies de l’appareil digestif est fondamental quand des traitements sont pris par voie interne. Nous seuls pouvons en apprécier les éventuelles conséquences comme des mélanoses coliques qui s’installent rapidement après l’utilisation de carrés de fruits et fibres largement vendus, riches en rhubarbe, par exemple….
Dr JC Létard
Président du CREGG