Injection intra-tumorale de chimiothérapie (CT) en GEL dans le CHC non resecable : une alternative à la radiofréquence dans certaines localisations ?

Rationnel 

Près de 75 à 90 % des patients (pts) avec carcinome hépatocelllaire (CHC) ne pourront pas bénéficier de résection chirurgicale de leur tumeur. Les techniques d’alcoolisation percutanée et plus récemment de radiofréquence (RF) permettent cependant des traitements à visée curative de petites (moins de 5 cm) et peu nombreuses (moins de 3) lésions. La RF reste toutefois impossible en cas de lésion située à proximité des gros vaisseaux. L’injection intra-tumorale de CT consiste en l’administration percutanée d’un gel de cisplatine et d’épinéphrine, agent vasoconstricteur visant à limiter le passage systémique de la CT. Les données d’une étude multicentrique internationale de phase II dans le CHC non résécable sont rapportées ici.

Patients et méthodes

Les pts inclus devaient présenter un CHC non résécable avec moins de 3 nodules de taille <7 cm et de volume £ 200 cm 3 . Aucun traitement préalable en dehors d’une chirurgie éventuelle n’était autorisé. Les patients avec cirrhose Child C étaient également exclus. Le traitement consistait en l’injection intra-tumorale de gel à raison de 0.5 ml/ cm 3 de tumeur (volume évalué au scanner). Les traitements étaient réalisés une fois par semaine avec un maximum de 4 injections, sous contrôle echo- ou scanno-guidé, après hydratation intra-veineuse et sous anesthésie locale. La réponse tumorale était évaluée au scanner 15 jours après la fin du traitement.

Résultats

Entre 1997 et 2000, 51 pts ont été traités, dont 96% de cirrhose d’origine virale pour les ¾. Le volume tumoral moyen était de 25 cm 3 (extrêmes 2-314). Une réponse objective a été notée chez 27 pts (53%) avec 16 réponses complètes (31%). Le délai médian d’obtention de réponse était de 1.8 mois et la durée médiane de réponse de 9.5 mois. La survie médiane fut de 27 mois, les survies à 1, 2 et 3 ans étant respectivement de 79%, 56% et 14% respectivement.
La tolérance du traitement était bonne avec peu d’effets secondaires immédiats (HTA, douleur, tachycardie) et retardés (fièvre 48%, vomissements 24%). Trois décès étaient potentiellement en rapport avec le traitement correspondant tous à des décompensations de l’hépatopathie sous-jacente.

Commentaires

Ce traitement par injection intra-tumorale de CT du CHC non résécable semble efficace et bien toléré. Sa place semble toutefois se limiter aux contre-indications de la RF : lésions trop proches des structures vasculaires ou digestives, car son efficacité paraît inférieure ? Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un nouvel outil thérapeutique dans l’arsenal de la lutte contre le CHC.

Référence

  • Leung TWT, Johnson PJ, Geschwind J et al. Phase II study of yhe efficacy and safety of cisplatin-epinephrine gel administered to patients with unserectable carcinoma. J Clin Oncol 2003; 21:652-8.