De risque majeur de carcinome hépatocellulaire

Le carcinome hépatocellulaire (CHC) est un des 10 cancers les plus fréquents de la planète, en particulier en Asie du Sud-Est en raison du fort taux de prévalence du portage chronique du virus B. La positivité de l’antigène Hbe (Ag HBe) indique une réplication virale active, et sa négativation avec apparition d’anticorps est un des critères de succès des traitements antiviraux . En revanche, son importance en tant que facteur prédictif de survenue d’un CHC n’a jamais été évaluée.

Patients et méthodes

47079 hommes d’âge compris entre 30 et 65 ans de 7 villes de Taiwan ont été contactés par courrier. Un quart d’entre eux (n = 11893) a accepté et a répondu à un questionnaire de santé et effectué un prélèvement sanguin à la recherche des Ag HBs et HBe et d’un portage du virus C. Un CHC était alors éliminé par une échographie abdominale. Les cas de CHC ont été enregistrés prospectivement grâce à un registre national. En cas de survenue d’un CHC durant le suivi chez un patient initialement Ag HBs + Ag HBe -, le recherche d’Ac anti HBe et de l’ADN du virus B était réalisé sur un tube de la sérothèque initiale.

Résultats

La prévalence de l’Ag HBe était de 39 % chez les patients Ag HBs + (environ 20 % de la population de l’étude). Sur un suivi de 92359 personnes-années, 111 cas de CHC ont été enregistrés. L’incidence était de 39.1 cas /100000 personnes -années chez les sujets Ag HBs et Ag HBe négatifs initialement, 342.3 cas/100000 en cas d’Ag HBs + Ag HBe – et 1169.4 cas/100000 en cas d’Ag HBs + Ag HBe + (p<0.001). Le risque relatif de CHC était donc de 60.2 chez les doubles positifs contre 9.6 chez les patients porteurs uniquement de l’Ag HBs. L’âge plus élevé, une sérologie VHC +, un tabagisme et la consommation d’alcool étaient également des facteurs de risque indépendants de CHC. Enfin en cas de CHC survenant chez un patient initialement Ag HBe -, la présence d’un ADN circulant du virus B était un facteur de risque par rapport à un groupe contrôle apparié.

Commentaires

Cette étude démontre clairement l’intérêt d’une surveillance très étroite pour dépistage du CHC des patients Ag HBe+, indépendamment de toute recherche coûteuse d’une présence d’un ADN circulant. Dans cette étude taiwanaise purement descriptive, aucun des patients dépistés comme porteur chronique du virus B n’a été adressé en service spécialisé pour traitement antiviral ou même surveillance. Les conclusions en sont donc limitées, en particulier il n’est pas possible d’évaluer l’effet d’un éventuel traitement antiviral sur le risque de CHC et le pronostic des patients effectuant sous traitement, ou spontanément, une séroconversion dans le système HBe.

Référence

Yang Hi, Lu SN, Liaw YF et al. Hepatitis B e Antigen and the risk of hepatocellular carcinoma. N Engl J Med 2002; 347:168-74.