Les mucines à la rescousse du clinicien dans les cancers du pancréas et les TIPMP ?

Ringel J, Lohr M.:The MUC gene family: Their role in diagnosis and early detection of pancreatic cancer. Mol Cancer. 2003 Jan 7;2(1):9.

Le diagnostic précoce du cancer du pancréas exocrine demeure un problème clinique. Actuellement, il n’existe pas de marqueur tumoral spécifique pour le diagnostiquer . Le marqueur associé à la mucine : le CA 19-9 reste le plus fiable marqueur du cancer du pancréas, mais sa fiabilité en tant que marqueur de dépistage est limitée par une spécificité réduite.

Les mucines (MUCs) sont des glycoprotéines de haut poids moléculaire ; elles présentent une expression aberrante dans différentes proliférations tumorales malignes en particulier dans les cancers du pancréas. Différentes techniques permettent d’étudier ces MUCs, qui peuvent présenter un intérêt diagnostique pour les adénocarcinomes, pronostique pour les tumeurs intracanalaires papillaires et mucineuses pancréatiques (TIPMP) , voire thérapeutique avec un objectif de vaccination anti MUC.

Une vue d’ensemble met en évidence les connaissances actuelles sur les MUCs. Dans le pancréas normal MUC 1 et MUC 6 sont exprimées alors que MUC 2, MUC 4 et MUC 7 ne le sont pas.

Les modifications dans l’expression du gène MUC 1 sont les plus étudiées. Dans les néoplasies intra épithéliales (Pancreatic Intraepithelial Neoplasia ou Pan IN I , Pan IN II et Pan IN III), précurseurs des lésions tumorales on observe une augmentation parallèle de l’expression de MUC 1 et du degré de dysplasie. Dans les adénocarcinomes pancréatiques comparés au pancréas normal et aux pancréatites chroniques, MUC 1 est surexprimé. L’étude de l’expression de MUC 1 peut servir comme marqueur de transformation maligne et permettre de distinguer les pancréatites chroniques des cancers du pancréas.

Par ailleurs , de novo, MUC 4 est observé dans les adénocarcinomes pancréatiques et dans des lignées cellulaires de cancer du pancréas. Ainsi MUC 4 pourrait servir de marqueur biologique spécifique des adénocarcinomes. Dans les dysplasies l’expression de MUC 4 est aussi corrélé au degré de dysplasie, augmentant graduellement de Pan IN I , Pan IN II et Pan IN III.

De plus, l’usage potentiel des MUCs dans le diagnostic et la différenciation des TIPMP est discuté. Dans les TIPMP, la dérégulation de l’expression des mucines semblent contribuer à la progression néoplasique, L’étude des mucines permet de distinguer 3 groupes de TIPMP. Un premier groupe le plus important exprimant MUC 2 et n’exprimant pas MUC 1 présentant un faible potentiel métastatique, un deuxième groupe MUC 1 positif, MUC 2 négatif ayant un fort potentiel de transformation en adénocarcinome, enfin un troisième groupe présentant une expression focale de MUC 1 et de MUC 2 de type oncocytaire sur le plan histologique.

Au total

L’article de J. Ringel J et Mathias Lohr souligne bien la variété d’expression des mucines dans le pancréas, l’importance du champ d’investigation , avec un intérêt diagnostique, pronostique et thérapeutique.