En situation palliative, où tout espoir de résection est dépassé, un standard de chimiothérapie a été établi depuis l’étude de Burris publiée dans le Journal of Clinical Oncology en 19975(1) : il s’agit de la Gemcitabine en monothérapie. Ce traitement permet d’apporter un bénéfice clinique chez 25% des patients et offre un gain en survie globale significative par rapport à un traitement à base de 5FU en bolus. Cependant, les taux de survie restent largement insuffisants et pour améliorer ce standard plusieurs études de phase III ont comparé la gemcitabine en monothérapie à une association gemcitabine +autre drogue. C’est notamment le cas le l’étude Gem-Gemox dont les résultats définitifs , très attendus , ont été présentés à l’ASCO 2004 (2).
Sur la base d’une étude de phase II aux résultats prometteurs (3) 313 patients localement avancés ou métastatiques ont été randomisés en deux bras : Gemcitabine en traitement hebdomadaire selon le standard de Burris et Gemox associant de la Gemcitabine à la dose de 1000mg/m2 en 100 minutes (10mg/m2 /mn) à J1 et de l’Oxaliplatine à la dose de 100mg/m2 en deux heures à J2, la séquence étant répétée toutes les deux semaines. Les deux bras de traitement étaient bien équilibrés notamment pour l’indice OMS et le stade (30% de patients localement avancés dans le bras Gemcitabine et 32% dans le bras Gemox). Le profil de toxicité est apparu très comparable en dehors des thrombopénies s’élevant à 12.8% dans le bras Gemox contre 3.8% dans le bras Gemcitabine et naturellement de la neurotoxicité. Les résultats définitifs sont présentés dans le tableau suivant :
GEMOX |
GEM Burris |
P |
|
Taux de réponse : % |
26,8 |
17 , 3 |
0.04 |
Survie sans progression (mois) |
5,8 |
3,7 |
0.038 |
Bénéfice clinique : % |
38.2 |
26.9 |
0.05 |
Survie à 6 mois : % |
68.0 |
60.4 |
|
Survie à 8 mois : % |
56.5 |
45.3 |
0.048 |
Survie à 1 an : % |
34.7 |
27.8 |
|
Survie globale (mois) |
9 |
7,1 |
0.13 |
Ces données apparaissent significativement en faveur du gemox pour le taux de réponse, la survie sans progression, le bénéfice clinique et la survie à 8 mois qui était l’objectif principal de l’étude (56.5 % dans le bras gemox vs 43% dans le bras Gemcitabine ; p 0.048) mais les résultats de survie globale bien qu’en faveur du bras Gemox (notamment pour le sous groupe de patients métastatiques) n’apparaissent pas statistiquement significatifs (9 vs 7,1 mois ; p 0, 13).Le pourcentage important de patients du bras gemcitabine ayant reçu en deuxième ligne, un sel de platine, pourrait en partie expliquer un lissage des résultats finaux .D’autre part les résultats du bras gemcitabine supérieurs à ceux attendus ont pu jouer un rôle en induisant un manque de puissance de l’étude.
Au terme de l’étude Gem-Gemox la gemcitabine selon le schéma initial de Burris demeure donc le standard en première ligne thérapeutique en cas de cancer pancréatique avancé . Cependant de toutes les combinaisons qui lui ont été opposées au cours d’études randomisées de phase III le protocole Gemox est sans conteste le plus prometteur et devient ,en terme de recherche clinique ,une référence dont l’exploration va se poursuivre notamment en association aux nouvelles thérapeutiques ciblées .
Références
- Burris HA, Moore MJ, Andersen J et al. Improvements in survival and clinical benefit with Gemcitabine as first line therapy for patients with advanced pancreas cancer : a randomized trial. J Clin Oncol 1997;6:2403-2413
- Louvet C, labianca R ,Hammel P et al Proc Am Soc Clin Oncol 2004;22: 4008 (abstract)
- Louvet C, Andre T, Lledo G et al. Gemcitabine combined with oxaliplatin in advanced pancreatic adenocarcinoma : final results of a GERCOR multicenter phase II study. J Clin Oncol 2002 :15;20(6):1512-8