Cancers du pancréas non résécables : Peut-on les rendre résécables ?

Le cancer du pancréas exocrine non résécable reste, malgré les progrès de la chimiothérapie palliative et des associations radiochimiothérapiques d’un pronostic effroyable avec une survie à 1an voisine de 30 % dans les meilleures séries mais sans aucun espoir de rémission prolongée ou à fortiori de guérison. En revanche les patients ayant pu bénéficier d’une résection macro et microscopiquement complète peuvent espérer dans 10à 20 % des cas une authentique guérison. Il est donc tentant de vouloir conduire à la chirurgie, par une fonte tumorale préalable suffisante, certains patients porteurs d’un adénocarcinome pancréatique initialement non résécables. Ceci semble possible comme le montrent trois études présentées à l’ASCO 2004 :

  1. Une équipe autrichienne (1) a proposé à 61 patients non résécables, non métastatiques, deux à trois cures d’une chimiothérapie associant de la Gemcitabine (800 à 1000mg/m2 )et du Docetaxel (25 à 42mg/m2) à J1, J8 et J15. Les résultats apparaissent très (trop ?) intéressants puisque 36 patients sont vivants à 32 mois (75%) et que 78% des patients ont pu bénéficier d’unerésection R0. Les auteurs concluent donc à un bénéfice majeur en terme de down staging de l’association Gemcitabine Docetaxel. D’autre part, il souligne que la survie semble meilleure que chez des patients résécables opérés d’emblée.Cette combinaison pourrait donc être également intéressante en situation néo-adjuvante.
  2. Une étude américaine (2) a porté sur 32 patients porteurs d’un adénocarcinome pancréatique localement avancé non résécable sur les données scannographiques et échoendoscopiques. Un traitement d’association radiochimiothérapique comprenant 50.4Gray (9 Gray/ semaine) et de la Gemcitabine (600mg/m2/ semaine) a été proposé . Le taux de réponse s’est élevé à 21%, alors que 57% des patients présentaient une maladie stable. 7% des patients ont pu bénéficier d’une résection secondaire R0, l’ensemble permettant une survie médiane de 7.9 mois.
    En première intention, l’association Gemcitabine /Radiothérapie serait donc peut être préférable à la Gemcitabine seule en cas de maladie localement avancée . Plusieurs études de phase III, en Europe et aux USA sont en cours pour évaluer dans cette situation l’intérêt de l’adjonction de la radiothérapie à la Gemcitabine en monothérapie.
  3. Une autre équipe américaine (3) a proposé à 37 patients porteurs d’une maladie localement avancée (30%) ou métastatique (70%) en première ligne, une association de Docetaxel (35mg/m2 )et de CPT11 (50mg/m2 )à J1, J8, J15 et J22 toutes les cinq semaines. Le taux de réponse s’est élevé à 24% pour 37% de maladies stables. Une résection secondaire a été possible chez un des onze patients localement avancés initialement non résécables soit 9.1%. La survie médiane s’est élevée à neuf mois.

Ces trois études montrent que chez les patients porteurs d’un adénocarcinome pancréatique localement avancé initialement non résécable tout espoir de résection chirurgicale n’est pas perdu et qu’une chimiothérapie ou une association de radiochimiothérapie peut le rendre résécable. L’intérêt en terme de survie de cette résécabilité secondaire n’est cependant pas établie.

Références

  1. Gnant et al . Proc Am Soc Clin Oncol 2004;23:4234 (abstract)
  2. Moore et al. Proc Am Soc Clin Oncol 2004;23:4105 (abstract)
  3. Burtnesse et al . Proc Am Soc Clin Oncol 2004;23:4116 (abstract)