Le Pet Scan a-t-il un intérêt dans le bilan pré-thérapeutique des cancers de l’oesophage (CO) ?

Un staging pré-opératoire précis des patients porteurs d’un CO est fondamental eu égard à la mortalité et à la morbidité de l’oesophagectomie et au risque d’évolution métastatique métachrone. Ce bilan repose classiquement sur le scanner thoraco-abdominal ( CT ) et l’échoendoscopie ( EE ) +/- ponction. La place exacte du Pet Scan reste encore mal précisée malgré de nombreuses publications parues depuis 1995.

En juin 2003, une équipe néerlandaise a mené une revue exhaustive des données de la littérature qui ont été examinées par deux reviewers indépendants selon des critères méthodologiques extrèmement stricts. Une méta-analyse a ensuite été réalisée afin d’estimer la sensibilité et la spécificité du Pet Scan dans cette indication.

12 études ( sur un total de 119 ) ont été retenues pour analyse, représentant un effectif de 490 patients. Les données poolées indiquent une sensibilité de 0,51 et une spécificité de 0,84 dans la détection de l’invasion ganglionnaire loco-régionale. Les chiffres sont de 0,67 et 0,97 respectivement pour la mise en évidence des métastases à distance (cf tableau ci-dessous)

  Sensibilité Spécificité

Staging N
IC 95%

0.51
[0.34-0.69]

0.84
[0.76-0.91]

Staging M
IC 95%

0.67
[0.58-0.76]

0.97
[0.90-1]

Plusieurs de ces 12 études sont apparues comme ayant des insuffisances méthodologiques ( absence de lecture des examens en double aveugle, tumeurs de stades variés, travaux rétrospectifs , par exemple) La classification TNM n’a été que rarement utilisée ; l’atteinte ganglionnaire coeliaque était tantôt classée N, tantôt M. ) Si bien que les auteurs attribuèrent une note de qualité moyenne de 63 % à cette méta-analyse.

Au total, le Pet Scan a une faible sensibilité dans la détection de l’invasion ganglionnaire loco-régionale et ne peut donc servir d’examen de référence pour décider d’un traitement néo-adjuvant. L’EE garde donc toute sa place. En revanche, il se compare favorablement au CT conventionnel pour la détection des métastases viscérales, permettant ainsi d’éviter un acte chirurgical lourd. Reste néanmoins à comparer les performances du Pet Scan avec celles des nouveaux CT multispires. Il n’y a donc pas d’argument fort actuellement pour nous pousser à intégrer systématiquement le Pet Scan dans le staging initial des patients avec un CO. Des études prospectives ultérieures affineront peut-être ce point de vue, pour peu qu’elles respectent des critères de validité interne et externe stricts afin de pouvoir être valablement comparées entre elles.

H.L., Westerterp M., Bossuyt P.M.M. et al. Systematic review of the staging performance of 18 F-fluorodeoxyglucose positron emission tomography in esophageal cancer. J Clin Oncol 2004 ; 22 :380