Les cancers du cardia et de l’estomac à l’ASCO 2004

Plus de 70 présentations se sont intéressées à cette pathologie abordant l’aspect du traitement chirurgical (voies d’abord, curage ganglionnaire) mais aussi et surtout, les traitements de chimiothérapie en phase palliative.

Traitement chirurgical des adénocarcinomes du cardia : voie thoracique ou voie abdominale trans-hiatale ?

Une équipe japonaise (Sasako, A4000) a randomisé 165 patients porteurs d’un adénocarcinome résécable du cardia, envahissant au plus le bas osophage sur 3cm ,en deux bras, un bras traité par voie thoracique gauche ,le second par voie abdominale trans-hiatale. Les patients, tous âgés de moins de 75 ans, ont tous bénéficié d’un curage de type D2. Aucun traitement néo-adjuvant ou adjuvant n’était autorisé dans cette étude. La voie thoracique s’est révélée à l’origine d’une morbidité accrue et d’une aggravation plus fréquente de la fonction respiratoire. Une survie à cinq ans de 36% a été notée chez les patients opérés par voie thoracique contre 49% chez ceux ayant bénéficiés de la voie abdominale trans-hiatale. Ceci correspond à un hazard ratio de 1.37 (IC 95 [ 0.84-2.22 ]).
Ainsi, les auteurs concluent que les tumeurs du cardia résécables qui envahissent au plus le bas oesophage sur 3 cm doivent être traitées préférentiellement par voie abdominale trans-hiatale et non par voie thoracique gauche.

Chimiothérapie des cancers gastriques avancés : Confirmation de l’intérêt des taxanes et du CPT 11

  • Une équipe suisse (Roth, A 4020) a présenté une étude de phase II randomisant 119 patients porteurs d’un cancer gastrique avancé et traités en première ligne thérapeutique selon trois bras : a) TCF : docetaxel 85mg/m² toutes les trois semaines, cisplatine 75mg/m² toutes les trois semaines et 5FU 200mg/m²/jour pendant quinze jours. b) TC : docetaxel 85mg/m² toutes les trois semaines, cisplatine 75mg/m² toutes les trois semaines et enfin c) ECF : Epirubicine 50mg/m² toutes les trois semaines, cisplatine 60mg/m² toutes les trois semaines, 5FU 200mg/m²/24heures pendant trois semaines. Les trois bras étaient parfaitement équilibrés y compris pour la diffusion métastatique et les éventuels traitements chirurgicaux antérieurs. La toxicité non hématologique était équivalente dans les trois bras. Cependant, 50% des 20 premiers patients traités par docetaxel ayant présente une neutropénie fébrile, la posologie de cette drogue a été portée à 75mg/m² et des facteurs de croissance ont été systématiquement associés. Les résultats sont en faveur du bras TCF pour le taux de réponse contrôlée, et la survie sans progression alors que la survie globale dépasse 10 mois pour les 2 bras avec docetaxel versus 8.2 mois pour le bras ECF. Ils confirment ceux de l’ASCO 2003 présentés par Ajani(A999)
  • Une étude de phase II randomisée allemande (Moehler, A 4064) a confirmé l’intérêt du CPT11dans cette situation. 114 patients ont été randomisés en un bras hebdomadaire associant CPT11 (80mg/m²) acide folinique (500mg/m²) et 5FU (2000mg/m²/24heures) cinq semaines sur sept à un schéma ELF classique (épirubicine 120mg/m², acide folinique 300mg/m², 5FU 500mg/m² de J1 à J3 toutes les trois semaines ).Les résultats sont largement en faveur du schéma CPT11, acide folinique, 5FU pour le taux de réponse, le taux de contrôle de la maladie et la survie sans progression et corroborent ceux de l’étude française présentée à l’ASCO 2003 ( Bouché ; A 1033)

En conclusion

Nous assistons, dans le traitement des cancers gastriques avancés, à l’émergence des taxanes et du CPT11 dont l’intérêt est souligné pour la deuxième année consécutive.