Résécabilité secondaire des métastases hépatiques d’origine colo-rectale

Rivoire M, De Cian F, Meeus P, Négrier S, Sebban H, Kaemmerlen P. Combination of neoadjuvant chemotherapy with cryotherapy and surgical resection for the treatment of unresectable liver metastases from colorectal cancer : long term results. Cancer 2002 ;95 :2283-2292.

L’efficacité des chimiothérapies a conduit au développement d’un concept de ” chimiothérapie d’induction ” pour le traitement des métastases hépatiques des cancers colorectaux jugées initialement non résécables.

L’objectif de cette étude rétrospective était d’évaluer l’intérêt combiné de la chimiothérapie d’induction, de la chirurgie de résection et d’une technique de destruction focalisée (cryothérapie) chez les patients porteurs de métastases hépatiques non résécables d’un cancer colorectal.

Sur une période de 2 ans, 131 patients porteurs de métastases hépatiques non résécables d’un cancer colorectal ont reçu une chimiothérapie par LV5FU2 ou FOLFOX. La contre-indication à la résection était définie par l’impossibilité d’exérèse de la totalité des métastases avec une marge de résection saine, en laissant en place plus de 30% de foie sain (indépendamment du nombre de métastases, de leur taille et grandeur de la marge de résection). Après une durée moyenne de chimiothérapie de 4 mois, 33 patients ont eu une résection complète et 24 patients ont eu un traitement complet grâce à l’utilisation combinée d’une cryothérapie.

La mortalité post opératoire était de 2%, la morbidité de 28%. La durée moyenne d’hospitalisation était de 16 jours dans le groupe résection et de 13 jours dans le groupe résection + cryothérapie. 42 patients ont reçu une chimiothérapie post-opératoire. La médiane de survie de l’ensemble des patients opérés était de 39 mois. La survie à 4 ans était identique dans le groupe résection (37%) et dans le groupe résection + cryothérapie (36%). La survie à 4 ans des 23 patients porteurs de plus de 4 métastases (18%) était moins bonne que celle des 34 patients porteurs d’un maximum de 4 métastases (49%).

Cette étude confirme que la collaboration entre oncologues médicaux, radiologues et chirurgiens spécialisés en chirurgie hépatique permet la mise en place de programmes de chimiothérapie d’induction dans le but de rendre résécables des métastases hépatiques jugées non résécables au moment de la prise en charge initiale .

De tels programmes sont basées sur une ré-évaluation morphologique périodique (tous les 2 à 3 mois) avec discussion pluridisciplinaire de la résécabilité en fonction de la réponse tumorale au traitement d’induction. L’utilisation des techniques de destruction focalisée (cryothérapie ou radiofréquence) en association avec la résection hépatique permet de proposer un traitement à visée curative à un plus grand nombre de patients, tout en limitant les complications peri-opératoires. Les résultats publiés par l’équipe du Centre Léon Bérard de Lyon, confirment ceux par l’équipe de l’hôpital Paul Brousse et justifient la mise en route prochaine d’une étude prospective randomisée testant différents protocoles de chimiothérapie d’induction.