Le délai moyen entre les premiers symptômes et le diagnostic du cancer colorectal (CCR) varie de 5 à 15 mois. En Angleterre, la réalisation d’une endoscopie diagnostique demandée par le généraliste référent est souvent retardée par l’attente d’un créneau disponible. Dans le but de mieux trier les demandes, une équipe anglaise a évalué l’intérêt d’un questionnaire concernant les symptômes ressentis par le patient (1).
Méthodes
Dans le cadre d’un essai prospectif multicentrique, 2268 patients adressés par un généraliste pour coloscopie remplirent un questionnaire avant la réalisation de leur examen. Les principaux items concernaient, outre âge, sexe, et l’existence d’antécédent familial de CCR, la présence de saignement extériorisé (rouge, noir, mélangé aux selles..), d’une modification du transit, de symptômes périanaux ou de douleurs abdominales. Les résultats du test étaient traités par ordinateur qui pondérait les items selon leur gravité et le terrain du patient. Un score « informatique »de risque de CCR était ainsi attribué à chaque patient à l’issue du questionnaire . Indépendamment des résultats du questionnaire, les chirurgiens concernés évaluaient le risque de CCR d’après la lettre du généraliste selon un score de 1 à 5.
Résultats
Le questionnaire pondéré par ordinateur était supérieur à la lettre du généraliste pour l’évaluation du risque de CCR (p= 0.025), bien que les patients classés 4 ou 5 aient bien un taux de CCR élevé (p<0.0001). L’importance du score obtenu au test était significativement lié au risque de CCR après coloscopie totale (76.5 vs 44.5, p<0.0001). Enfin, si l’on décidait ne pratiquer une endoscopie qu’en cas de score > 50, seuls 39.8% de la population adressée nécessitait un examen, mais 90.5% des cas de CCR de l’ensemble de la population interrogée étaient détectés !
Commentaire
La réalisation d’un tel test est proposée par les auteurs en remplacement de la consultation auprès du spécialiste, avec une meilleure fiabilité, un gain de temps et d’embarras (!) pour le patient. Le test ne peut cependant se substituer aux données de l’examen clinique et le problème de la compréhension du questionnaire n’est pas évoqué.
Enfin est-il admissible de méconnaître 9 ,5 % des patients porteurs d’un CCR symptomatique pour lesquels un médecin traitant avait jugé une coloscopie utile ? L’utilisation de tels tests ne semble donc pas d’actualité aujourd’hui en France et paraît plus adaptée aux problèmes endémiques du système de santé britannique !
Références
1. Selvachandran SN et al. Prediction of colorectal cancer by a patient consultation questionnaire and scoring system : a prospective study. Lancet 2002; 360:278-83.