Les protocoles de recherche clinique ou essais thérapeutiques

I- DEFINITIONS

Un essai thérapeutique est une étude contrôlée visant à préciser, sur une population sélectionnée et surveillée, les effets d’un médicament ou d’un traitement sur une maladie définie.

Le protocole est un recueil d’indications précisant les modalités d’administration et de surveillance du nouveau traitement. Il a pour but d’évaluer de nouveaux moyens de prévenir ou de traiter un patient contre un cancer donné.

II- DEVELOPPEMENT D’UN MEDICAMENT

Entre le moment où un nouveau médicament naît dans un laboratoire et le moment où il peut être délivré à un patient, s’écoule une longue période d’une durée d’environ 7 à 12 ans.

1 – Etapes pré-clinique et clinique

  • une première étape pré-clinique
    Ces études menées en laboratoire et sur l’animal ont pour but d’étudier l’efficacité du produit sur la cellule et la toxicité aiguë sur l’animal. Ainsi est constitué par le laboratoire un « dossier pré-clinique » soumis au Ministère lequel doit établir la validité et le sérieux du dossier. Lorsque le dossier est validé, la molécule peut alors être testée sur l’homme.
  • une deuxième étape clinique
    Lors de cette étape, les essais cliniques de médicaments poursuivent 3 objectifs essentiels : établir ou vérifier, selon le cas, certaines données pharmacodynamiques (dont le mécanisme d’action du médicament), pharmacocinétiques (modalités d’absorption, de distribution, du métabolisme et de l’excrétion des substances actives) et thérapeutiques (efficacité et effets indésirables).

2 – Les 4 phases des essais thérapeutiques

  • Les essais de phase I 1. ce stade correspond aux premières administrations du produit chez l’homme, après les études toxicologiques faites sur l’animal.
    2. les essais de phase I ont pour but de connaître le comportement du médicament chez l’homme et en particulier sa toxicité.
    3. dénués d’intérêt thérapeutique dans l’immédiat, ces essais sont dénommés « sans bénéfice individuel direct » et sont conduits chez des volontaires dans des locaux spécifiquement équipés et ayant reçu une autorisation particulière pour ce type de recherche. En cancérologie, les patients inclus dans ces essais sont généralement des malades en échec thérapeutique et peuvent avoir des localisations tumorales diverses.
  • Les essais de phase II 1. Cette phase de traitement a pour but de tester l’efficacité d’un traitement. Les dosages ayant été déterminés en phase I, le but est à ce stade de déterminer le taux de réponse obtenu par le médicament dans un type précis de cancer.
    2. Sont ainsi déterminées les modalités optimales d’administration du médicament pour obtenir l’effet thérapeutique escompté.
    3. Ces essais sont le plus souvent administrés chez des malades présentant la maladie que le médicament est censé traiter. A ce titre, ces essais sont dénommés « avec bénéfice individuel direct ». 4. Ces essais sont souvent menés sur des groupes parallèles se distinguant entre eux soit par la dose administrée soit par les modalités de l’administration.
  • Les essais de phase III
    • Les essais de phase 3 ont pour objectif de comparer le nouveau traitement avec un traitement de référence.
    • Le médicament étant à ce stade mieux connu, on peut envisager de le prescrire à un plus grand nombre de patients pour confirmer qu’il est bien toléré, qu’il est réellement actif et éventuellement pour le comparer à d’autres médicaments déjà prescrits dans la même indication.
    • Ces essais sont proposés à des malades et leur apportent « un bénéfice individuel direct ».
    • C’est à l’issue de ces essais que les autorités sanitaires délivreront l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), indispensable pour que le médicament puisse être prescrit par les médecins et éventuellement remboursé par l’Assurance Maladie.
  • La phase IV
    Il s’agit d’une période de pharmacovigilance pendant laquelle tous les effets secondaires rapportés au nouveau traitement sont signalés et enregistrés. Cette étape peut parfois détecter une toxicité insoupçonnée et conduire au retrait d’un médicament.

III- classification des essais thérapeutiques

Quelque soit le protocole celui-ci ne doit pas retirer de chance au patient. Cela signifie que le patient reçoit au minimum les mêmes soins ainsi que tous les soins qu’il est en droit d’attendre pour traiter sa maladie « selon l’état actuel de la science », qu’il participe ou non à l’essai.

Les essais thérapeutiques peuvent donc être appliqués selon 5 modalités :

  • L’étude contrôlée
     Il s’agit d’un essai dans lequel le médicament expérimental est comparé soit à un placebo soit à un médicament d’efficacité connue donc de référence.
  • L’étude randomisée 
    Il s’agit d’une étude dans laquelle les malades participants sont répartis dans les différents groupes « par tirage au sort » : Ce tirage au sort permet de s’assurer que les groupes seront composés de façon comparable en terme de répartition du sexe, de l’âge, de la gravité de la maladie et de divers facteurs pouvant affecter le résultat. Ce tirage au sort est donc sophistiqué et repose sur des programmes informatiques. Il est indépendant du médecin qui ne peut pas le modifier.
  • L’étude ouverte
    Dans ce type d’étude, le patient et le médecin connaissent le traitement administré. La plupart des traitements de phase I et II sont conduits de cette façon.
  • L’étude en simple aveugle
     Dans ce cas, le médecin connaît le traitement mais non le patient.
  • L’étude en double aveugle
    Dans ce cas ni le médecin ni le patient ne sait quel médicament est administré.
    Seul un centre de vigilance sait exactement qui prend quoi. En cas de nécessité, le médecin peut toujours interroger ce centre pour lever l’aveugle.

IV-QUEL MALADE POUR QUEL ESSAI ?

  • Critères d’inclusion et d’exclusion :
    Chaque essai thérapeutique définit les critères d’inclusion (ou d’éligibilité) que doit réunir un malade pour y participer (type de maladie, âge, antécédents familiaux, autres traitements reçus..). Les critères d’exclusion (ou d’inéligibilité) sont aussi précisés pour lever les ambiguïtés. On sélectionne ainsi une population relativement homogène et apte à supporter le traitement.
  • Coordonation :
    Chaque essai thérapeutique est dirigé par un médecin qui coordonne et surveille la réalisation de la recherche appelé l’investigateur principal , lequel rédige le protocole expliquant le but de l’essai et comment il sera conduit. Si outre l’investigateur principal, un ou plusieurs médecins prescrivent les médicaments de l’essai, ils doivent être nommément désignés comme co-investigateurs.
    Dans une étude multi-centrique c’est-à-dire menée dans plusieurs centres, il y a un investigateur par centre supervisé par l’investigateur principal.
  • Contrôle des protocoles :
    Avant d’être autorisé, chaque nouveau protocole doit être soumis par son investigateur principal à un Comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale ( CCPPRB ). Ce dernier est composé de médecins, infirmiers, statisticiens et de personnes étrangères au monde médical et donne son avis sur les aspects éthiques du protocole. Enfin le promoteur , personne ou organisme engageant sa responsabilité, doit souscrire une assurance spéciale.
  • Entrées et Sorties du protocole :
    Chaque patient répondant aux critères d’inclusion et sans critère d’exclusion reçoit une lettre d’information détaillant le protocole, il doit après signer un consentement éclairé , qui n’est pas une décharge de responsabilité mais prouve son information. Il est libre de sortir à tout moment du protocole.