Je prends un traitement par inhibiteurs de la pompe à protons pour mon reflux gastro-œsophagien.
J’entends plein d’informations contradictoires sur les effets secondaires éventuels.
L’Inhibiteur de la pompe à protons, c’est quoi ?
Alors tout d’abord, c’est un traitement qui est donné pour le reflux gastro-œsophagien. On sait malheureusement que ces traitements sont souvent donnés dans d’autres indications. Il faut plutôt revoir l’indication que de se poser la question du traitement.
Après, ces traitements sont très bien supportés, ça fait une trentaine d’années qu’on les donne, plus d’une trentaine d’années. On n’a pas noté d’effets secondaires majeurs. Et les effets secondaires, je vais vous les énoncer.
Il y a une modification, parce qu’on prend un traitement qui modifie l’acidité de la flore intestinale, d’un risque d’avoir, après la prise d’antibiotiques, une diarrhée qui sélectionne un germe dans le côlon. On peut donc avoir, après la prise d’antibiotiques, un peu plus de risque de diarrhées post-antibiothérapie. Ça s’appelle la colite à Clostridium difficile, la colite pseudo-membraneuse. Cette maladie peut survenir après la prise d’antibiotiques, même quand on ne prend pas de médicament anti-reflux. Mais c’est un peu plus fréquent chez les patients qui prennent un traitement anti-reflux. Bien sûr, cette maladie se traite. C’est donc un phénomène rare qui a tout à fait un traitement.
Les autres effets secondaires ne sont pas très clairement démontrés. Le niveau de preuve de tous les autres effets secondaires est faible à très faible. On entend parler de malabsorption, on s’interroge sur la vitamine B12, sur le fer, sur le magnésium. Il est possible qu’il y ait des carences. C’est tellement donné, tellement prescrit, qu’il est possible qu’il y ait des carences.
Il n’est pas recommandé aujourd’hui de faire des dosages particuliers, mais si jamais il y a des symptômes, parlez-en à votre gastroentérologue pour éventuellement faire des dosages ciblés.
D’autres effets secondaires encore plus rares, comme la colite microscopique, qui est une tendance à l’accélération du transit avec certains inhibiteurs de la pompe à protons, pas tous. Et également des troubles néphrologiques. On parle de néphropathie interstitielle, mais on est à quelques dizaines d’observations dans la littérature, donc c’est un effet secondaire très rare.
À l’inverse, il faut peser bénéfices et risques du traitement. Le bénéfice du traitement anti-acide pour le reflux, c’est prévenir les symptômes. Ça, vous en tirerez bénéfice immédiatement. Mais c’est surtout couper l’évolution vers le risque ultime qui est le cancer de l’œsophage. Heureusement, tout reflueur, c’est assez fréquent dans la population, ne risque pas d’évoluer vers un cancer de l’œsophage, mais une certaine partie.
Et on ne peut pas initialement définir quels patients sont à risque d’évoluer vers le cancer.
En résumé
Donc, si je résume, le traitement est là pour vous protéger des symptômes et, de façon ultime, du cancer de l’œsophage.
Bénéfice-risque = très faible.
Le plus gros risque finalement des inhibiteurs de la pompe à protons, quand ils sont pris dans une bonne indication, c’est de ne pas les prendre.
Pour en savoir plus, vous pouvez télécharger My MICI Book sur le site du CREGG.
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont largement prescrits pour le reflux gastro-œsophagien, mais quels sont leurs véritables effets secondaires et risques ? 🤔 Découvrez tout ce que vous devez savoir sur ce traitement, son efficacité et les rares effets indésirables, ainsi que l’importance de bien les utiliser, le tout expliqué par le Dr David Karsenti, gastro-entérologue à Paris.