La dyspepsie, c’est quoi ?
La dyspepsie est dite fonctionnelle lorsqu’aucune cause n’est en fait retrouvée, une cause comme un ulcère, un cancer par exemple. Elle concerne 5 à 10 % de la population. C’est quelque chose qui est assez fréquent. Il existe un lien évident entre la prise alimentaire qui peut soit aggraver ou déclencher le symptôme, soit l’améliorer.
Quels sont les types de dyspepsie ?
Deux types de dyspepsie sont reconnues. La dyspepsie après manger, qu’on appelle post-prandiale. Dans ce cas là, on va se plaindre de ballonnements, de digestion difficile, d’éructations, d’un inconfort vraiment au creux de l’estomac. Et puis il y a le syndrome dyspeptique douloureux qui se manifeste par des douleurs dans le creux de l’estomac, à type de brûlure ou de crampes qui vont être provoquées ou soulagées par l’alimentation.
Quelles sont les causes de la dyspepsie ?
Les causes de la dyspepsie fonctionnelle ne sont pas parfaitement connues. On pense cependant que différents mécanismes peuvent l’expliquer. La première est une hypersensibilité viscérale, comme on peut la voir également dans le syndrome de l’intestin irritable. Une deuxième cause est un trouble de la motricité de l’estomac. Difficulté pour se vidanger, c’est à dire évacuer les aliments qui sont rentrés et les chasser ensuite dans l’intestin, et également un défaut de relaxation de cet estomac qui a du mal à accepter trop d’aliments.
Très souvent, des patients posent la question d’Helicobacter pylori. Est-ce que c’est lui qui est responsable de ça ? Est-ce que l’éliminer va me soulager ? En réalité, Helicobacter pylori est rarement responsable de la dyspepsie. On estime qu’il explique ces symptômes que dans 6 à 7 % des cas.
Quels examens réaliser en cas de dyspepsie ?
Un bilan sera proposé au cas par cas. Le plus souvent, il sera inutile. On peut faire un bilan sanguin pour rechercher un diabète par exemple si on pense qu’il existe un défaut de la vidange de l’estomac que l’on trouve en cas de diabète. On peut également faire une échographie abdominale si on pense qu’il y a un problème au niveau de la vésicule biliaire. Et puis, la gastroscopie ; est-ce qu’elle est nécessaire ou pas ? La plupart du temps, non. On pourra la proposer après 50 ans ou s’il existe des signes d’alarme, de gravité qui laissent à penser qu’il y a une cause organique : ulcère, cancer par exemple. Bien évidemment, lors de la gastroscopie, une recherche d’Helicobacter pylori sera systématiquement réalisée.
En cas de dyspepsie fonctionnelle, le plus souvent, de simples recommandations hygiéno-diététiques seront suffisantes. C’est le bon sens. Il convient de faire dans l’idéal trois repas par jour au calme, sans se précipiter, en pensant à bien mâcher les aliments. Il convient de ne pas boire trop d’eau. Il faut boire un litre, un litre et demi d’eau par jour. Pas forcément tout au cours du repas. Il faut penser également à boire un petit peu au cours du repas, mais surtout entre les repas.
Concernant les repas eux-mêmes, il vaut mieux éviter les repas trop lourds, trop riches en calories, trop gras, trop épicés. L’eau gazeuse, le café, le tabac, le chewing-gum sont également des éléments qui peuvent expliquer ou majorer ces manifestations. Enfin, avoir des vêtements trop serrés au cours du repas peut expliquer une gêne après le repas.
Je reviens juste sur ce qu’on appelle de ne pas manger trop gras. En fait, il faut éviter de manger des aliments avec des graisses cuites, donc il vaut mieux préférer de l’huile d’olive ou du beurre cru. Concernant les œufs, il vaut mieux privilégier des œufs à la coque plutôt que des œufs en omelette ou frits. Concernant les viandes, il vaut mieux éviter les viandes en sauce, tout ce qui est gibier, charcuterie et il faut plutôt privilégier les viandes grillées qu’elles soient rouges ou blanches au court bouillon et le jambon blanc. Concernant les poissons, il vaut mieux éviter les poissons fumés, tout ce qui est un peu trop gras et privilégier les poissons grillés, pochés, également ou au four.
Quel traitement en cas de dyspepsie ?
En ce qui concerne le traitement par médicaments, on peut s’aider de certains qui facilitent l’évacuation de l’estomac. On appelle ça des prokinétiques. Et puis lorsque ce sont essentiellement des douleurs qui sont décrites, on va alors donner des médicaments qui diminuent la sécrétion acide de l’estomac. Si l’on trouve Helicobacter pylori, bien évidemment, il faut l’éradiquer. C’est un traitement antibiotique de 10 à 14 jours le plus souvent, qui sera proposé et vérifier que l’éradication a été un succès.
Enfin, en cas d’échec de tous ces traitements, on peut parfois proposer des traitements plus spécifiques que votre spécialiste vous conseillera. Ce sont essentiellement des antidépresseurs à doses adaptées, des doses très faibles.
En résumé
En résumé, la dyspepsie fonctionnelle est un inconfort ou une gêne au creux de l’estomac. Elle est fréquente. Je rappelle 5 à 10 % de la population. Deux types de dyspepsie fonctionnelle, soit des douleurs au creux de l’estomac, soit après manger une digestion difficile, des ballonnements, des rots. Ces manifestations sont le plus souvent rythmées par la prise alimentaire. Il n’y a pas de bilan à faire de façon systématique. Concernant le traitement, de simples conseils alimentaires de bon sens seront suffisants.
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La dyspepsie fonctionnelle est une gêne fréquente au creux de l’estomac qui touche 5 à 10 % de la population. Découvrez, grâce au Dr. Thierry Higuero, Gastro-entérologue et proctologue, tout ce qu’il faut savoir sur ses symptômes, ses causes possibles, et des conseils pratiques pour soulager vos douleurs sans traitement médical.