Qu’est-ce que la constipation ?
La constipation n’a pas une définition, mais plusieurs. Moins de trois selles par semaine, difficulté à l’expulsion des selles avec nécessité de poussées, douleurs au passage des selles et sensation d’évacuation incomplète, émission de selles déshydratée comme des crottes de biques. La fréquence de la constipation est de 15 à 20 %. En France, elle touche un tiers des personnes au delà de 60 ans. C’est la plaie des EHPAD et des maisons de retraite. Il y a une nette prédominance féminine. C’est une maladie “honteuse”, tant le terme constipation est lié à un comportement péjoratif.
Qui est à risque de constipation ?
La constipation occasionnelle peut toucher tout le monde. Elle a souvent des causes évidentes un déficit en apport en eau, un régime alimentaire déséquilibré comme dans le régime amincissant, la sédentarité, la grossesse, la prise de certains médicaments, les changements de rythme ou de lieu En cas de symptômes associés, comme des saignements anaux, en cas d’altération de l’état général, il faut rechercher une cause obstructive tumorale en particulier. La constipation est dite chronique lorsqu’elle dure depuis plus de six mois. On peut trouver les mêmes causes que dans la constipation occasionnelle, et là encore, il ne faut pas hésiter à rechercher une cause organique en cas de doute. Le vieillissement est aussi une cause naturelle de constipation, mais la constipation chronique peut être aussi présente dans certaines affections neurologiques comme la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques, des maladies endocriniennes comme hypothyroïdie, des maladies métaboliques comme le diabète, des maladies psychiatriques comme la dépression ou l’anorexie. Dans la majorité des cas, il n’y a pas de cause à la constipation, celle ci est dite idiopathique. Elle peut être constitutionnelle, “on a été fabriqué comme ça”, ou elle peut être secondaire à une constipation occasionnelle trop longtemps négligée.
Quels sont les différents types de constipation ?
Il y a deux types de constipation selon le niveau auquel se produit le dysfonctionnement. Si c’est au niveau du côlon, on parle de constipation, de transit. Si c’est au niveau ano-rectal, on parle de constipation distale ou dyschésie. Bien souvent, les deux types de dysfonctionnement sont associés.
Quand et comment explorer une constipation ?
Le diagnostic de constipation se fait sur l’interrogatoire, la palpation abdominale, la constatation éventuelle de matière au niveau du rectum. En cas de doute ou lorsque le mécanisme de la constipation n’est pas évident, il faut avoir recours à des examens complémentaires : la coloscopie pour rechercher une cause obstructive et en particulier une tumeur du côlon, le temps de transit des marqueurs radio opaques permet de déterminer à quel niveau se situe le blocage des matières, la manomètres ano-rectale permet de rechercher des anomalies dans le processus de défécation : on recherchera un anisme ou dysynergie ano rectale ; on recherchera un méga rectum, une hypertonie anale instable ou plus rarement, une maladie de Hirschspung : c’est une maladie congénitale avec défaut d’innervation au niveau ano-rectal. Au cours de la manométrie ano-rectale, on fera aussi un test d’expulsion d’un ballonnet. Une IRM pelvienne dynamique peut être aussi indiquée si le mécanisme de la constipation n’a pas été expliqué par les autres explorations. On recherche un prolapsus interne du rectum, une rectocèle et plus globalement, une descente du périnée.
En résumé
En résumé, la constipation chronique est le plus souvent bénigne, elle peut être liée à un défaut de progression des matières, c’est la constipation de transit ou un défaut d’évacuation des matières, c’est la constipation distale. Les examens complémentaires visent à mieux comprendre le mécanisme de la constipation pour mieux la traiter et surtout à éliminer une cause obstructive comme une tumeur colique.
Le Dr. Philippe Hemery, proctologue à Saint-Herblain (44), nous détaille ce qu’il faut savoir sur la constipation.
Envie d’en savoir plus ? Consultez cet article de la SNFCP : Transit et constipation : normalité