Qu’est-ce que la constipation distale ?
Dans la constipation distale, le dysfonctionnement se situe au niveau ano-rectal. Cela va de la simple difficulté à aller à la selle jusqu’à l’impossibilité totale d’avoir une défécation spontanée. Le patient a alors recours à des artifices, suppositoires, lavement ou manœuvres digitales d’extraction des matières. Les selles sont souvent dures, l’exonération difficile, douloureuse, incomplète et dans certains cas, il peut y avoir même disparition totale de la sensation de besoin. Il est totalement admis aujourd’hui que la constipation distale chronique, avec efforts de poussée répétés, entraîne un étirement des structures musculaires et nerveuses du périnée avec disparition des fonctions motrices et sensitives ano-rectales . On peut ainsi passer du “j’ai du mal à aller à la selle” a du “j’ai du mal à retenir les selles”.
Comment éviter sans médicament une constipation distale ?
La première chose à faire pour prévenir la constipation distale est d’essayer de se présenter à la selle lorsque le besoin se présente. Si l’on diffère ce moment, le rectum s’adapte. Les matières restent dans le rectum. Elles vont durcir le bouchon qui se forme sera difficile à évacuer et l’évacuation souvent incomplète. La deuxième chose est parfois de savoir patienter. Dans certains cas, l’anus n’est pas prêt à la défécation dès qu’on s’assoie sur le siège des toilettes. Certains anus vont mettre un peu de temps à se détendre. Il faut savoir attendre ce moment là ou au moins essayer de ressentir qu’il n’y a plus d’obstacle, que l’anus n’est plus contracté. Cela peut prendre plusieurs minutes. Il faut aussi essayer de se présenter à la salle uniquement lorsque la sensation de besoin est présente. Il faut ainsi éviter d’aller à la selle à tout prix avant d’aller au travail. Par exemple, pousser sur un rectum vide ne sert à rien. Et même bien souvent, cela va majorer la constipation distale. Pour les raisons évoquées plus haut, il est d’ailleurs conseillé de ne jamais pousser de façon excessive. Dans certains cas, il faut s’aider d’artifices et le plus connu et le fait de surélever les jambes pour se rapprocher de la position physiologique de défécation, position accroupie ou dite position à la turque.
Quel traitement proposer dans la constipation distale ?
Lorsque les matières sont dures, il faut les réhydrater par un traitement laxatifs. Lorsque les matières sont normales, il faut s’aider de suppositoires ou de petits lavements pour obtenir des vidanges rectales régulières. La rééducation ano rectale par biofeedback donne de bons résultats dans 60 à 70 % des cas, lorsque l’indication est bonne et lorsque le patient est motivé. Il faut toujours faire précéder cette rééducation d’une manomètrie ano-rectale qui viendra non seulement confirmer l’indication, mais surtout orienter la rééducation. Quelques patients et surtout des patientes, auront recours à la chirurgie pour corriger une anomalie anatomique, comme un prolapsus ou une rectocèle. Mais cette chirurgie doit être proposée avec précaution, avec étude préalable du comportement de tous les organes du pelvis. Après chirurgie, on peut avoir décompensation d’une anomalie urinaire avec des fuites urinaires et dans certains cas, on peut même voir des fuites anales.
En résumé
Le traitement de la constipation distale est difficile lorsque les patients consultent, c’est qu’ils ne peuvent plus se débrouiller seuls avec leur constipation. A ce stade, les troubles moteurs et les troubles sensitifs sont souvent présents et les troubles anatomiques plus ou moins objectifs. Si on ne traite pas la constipation, elle va se pérenniser et s’aggraver. Il est indispensable de faire un bilan complet avant une éventuelle prise en charge chirurgicale.
Les réponses du Dr. Philippe Hemery sur le traitement de la constipation distale.