Anulingus : quels risques et quels conseils ?

L’anulingus est un rapport sexuel oro-anal ou bucco-anal. Cela signifie que cela va être fait par la bouche en utilisant les lèvres ou la langue sur l’anus, voire même dans l’anus. Comme pour la sodomie, il existe des rapports bucco-anaux passifs et actifs. Actif, celui qui pratique et passif, qui reçoit sur sa marge anale.

Est-ce une pratique fréquente ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les rapports pour oro-anaux sont de plus en plus fréquents dans la population, particulièrement la population homosexuelle. Elle concerne également la femme hétérosexuelle, comme l’a montré une enquête Ifop parue en 2019 ou 15 % des femmes disaient avoir léché l’anus de leur partenaire et 25% avoir été léchées par leur partenaire. Il est tout à fait possible que ce soit l’accès beaucoup plus simple à la pornographie montrant ce type de pratique qui explique ces taux de plus en plus élevés.

Quels sont les risques d’un anulingus ?

On le sait, les rapports sexuels peuvent donner lieu à des contaminations diverses. Ceci est d’autant plus vrai pour la sphère anale. Le risque d’attraper une gastroentérite est réel. Effectivement, si le partenaire à qui l’on va pratiquer un anulingus a une gastroentérite, même s’il s’est lavé, il est possible d’attraper la même infection. En effet, les bactéries vont être cachées dans la muqueuse ou sur la peau et elles ne partiront pas même après un lavage. On peut donc attraper une gastroentérite d’un germe banal, comme une salmonellose ou une yersiniose par exemple. De la même façon, on peut être contaminé par une gastroentérite due à un parasite, comme un taenia ou d’autres parasites du même style. Concernant les infections virales, l’hépatite A peut parfaitement être transmise lors d’un rapport oro-anal. En effet, le virus de l’hépatite A est en partie excrété dans les selles. Autre virus, le HPV ou Human papillomavirus, qui donne les fameux condylomes ou crêtes de coq au niveau de la marge anale. En cas de rapport oro-anal de toucher avec la langue ou avec les lèvres, ces lésions peut contaminer la personne. L’infection par le virus herpès peut être faite dans les deux sens, c’est à dire si une personne a de l’herpès sur la marge anale, il pourra contaminer la personne qui pratique l’anulingus mais si une personne a un bouton de fièvre, comme on dit, donc une infection au niveau de la sphère buccale par le virus herpès, il pourra contaminer également la marge anale de son partenaire. Enfin, d’autres bactéries responsables des infections sexuellement transmises comme la syphilis, le gonocoque, la chlamydiose peuvent être transmises dans les deux sens. Soit la personne qui fait l’anulingus, soit la personne qui va recevoir l’anulingus.

Quels conseils avant un anulingus ?

S’il est de plus en plus fréquent, l’anulingus n’est quand même pas quelque chose de facile à réaliser en couple. Il faut un certain degré de confiance et de complicité. Il faut également une hygiène irréprochable avant de réaliser ce geste. Donc bien se laver la marge anale, voire, pour ceux qui veulent aller plus loin que la marge anale, de réaliser un lavement.

Quelles protections pour éviter une contamination lors d’un rapport oro-anal ?

Hormis les règles d’hygiène dont je viens de parler, lorsque l’on ne connaît pas le partenaire, il faut éviter effectivement de prendre des risques. Pour cela, une seule solution si l’on veut vraiment réaliser ce geste, c’est la digue dentaire. C’est un appareil que l’on va appliquer entre la bouche et la zone anale. On peut également utiliser un préservatif que l’on va retourner pour pratiquer ce type de rapport sexuel. Enfin, il faut garder à l’esprit que plus on multiplie les partenaires et plus le risque d’avoir une infection lors d’un rapport oro-anal va augmenter. En résumé, les rapports oro-anaux ou bucco-anaux ou anulingus sont de plus en plus fréquents. Ils sont pratiqués par les populations homosexuelles, mais également les hétérosexuels. Ils peuvent être responsables d’infections banales comme les gastroentérites, mais également d’infections sexuellement transmises. Il faut pour cela une hygiène locale irréprochable et si on ne connaît pas le partenaire, utiliser une digue dentaire ou un préservatif.

Thierry Higuero, proctologue et gastroentérologue à Nice répond à toutes vos questions sur le sexe oro-anal.