Maladie de Crohn/Rectocolite hémorragique : alimentation lors des poussées inflammatoires

En pratique, la question est de savoir ce que l’on peut manger lorsque l’on a une maladie de Crohn ou une rectocolite hémorragique.

La réponse pourrait être « mangez ce que vous voulez ». Mais en réalité, cette réponse doit être nuancée en fonction de l’activité de la maladie.

Combattre les idées reçues

Le patient qui a une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, que ce soit la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, va avoir tendance à regarder sur Internet pour trouver des réponses. Pourtant, il faut savoir que tout et n’importe quoi circule sur Internet, dont beaucoup d’idées reçues.

Il faut savoir qu’il n’y a aucun aliment qui provoque une poussée inflammatoire. Beaucoup de régimes sont proposés sans aucune preuve scientifique de leur intérêt dans cette indication.

Les restrictions alimentaires, qui sont très souvent proposées sont à risque ainsi de provoquer des déséquilibres alimentaires et des mauvaises habitudes alimentaires.

Enfin, il n’existe aucun régime anti-inflammatoire prouvé scientifiquement à ce jour.

Quels conseils diététiques en cas de poussée : diarrhée abondante, forme étendue, sténose ?

En cas de diarrhée abondante et d’inconfort digestif, il faudra pour un temps éviter certains types d’aliments : les aliments trop gras, les repas trop copieux, les fibres, donc les fruits et les légumes, les produits laitiers. En effet, dans cette situation, ils vont majorer les symptômes.

La diarrhée est en effet la seule situation où il nous faudra suivre un régime sans résidu. C’est à dire avec moins de fibres alimentaires.

En cas de sténose, c’est à dire de rétrécissement de l’intestin, il faudra éviter de manger des fibres trop dures comme des poireaux par exemple, et d’avaler des pépins. En effet, cela est à risque d’une occlusion, c’est à dire d’un arrêt des matières et des gaz au niveau intestinal.

Quels conseils diététiques en cas de poussée sévère et complications ?

Cette situation particulière est la seule où l’on envisage une prise en charge nutritionnelle qui a pour objectif de maintenir l’état nutritionnel avec un apport suffisant de calories, suffisant de vitamines et d’oligo éléments, et de combattre une dénutrition si elle est objectivée. Pour combattre cette dénutrition, on peut utiliser des médicaments que l’on va absorber par la bouche, voire faire ce que l’on appelle une nutrition entérale, avec une sonde qui va passer par le nez pour aller jusque dans l’intestin, voire une nutrition parentérale, c’est à dire apporter des calories par les veines.

Ce type de prise en charge se font dans des centres spécialisés, avec un suivi très particulier. Elles peuvent parfois être poursuivies à domicile avec un bon entourage médical et infirmier spécialisé, comme toujours dans ce type de situation.

Conseils diététiques sous corticothérapie : pas de régime strict !

Il n’est pas nécessaire, en cas de corticothérapie, d’avoir un régime strict, car les corticothérapies, le plus souvent, ne sont pas trop prolongées. Néanmoins, il ne faut pas abuser de repas trop copieux, trop riches en sucre, ne pas rajouter de sel à table. Il faut également favoriser et augmenter les apports en protéines. Et enfin, si ce traitement est prolongé, il faut penser à supplémenter en calcium et en vitamine D.

En résumé

La prise en charge nutritionnelle en cas de poussée inflammatoire de la maladie a pour objectif de combattre la dénutrition et de traiter l’inconfort digestif et la diarrhée.

Le plus souvent, elle peut se faire par de simples conseils alimentaires, mais elle peut nécessiter une alimentation artificielle par la bouche ou par les veines.

Enfin, il faut bien garder à l’esprit que sur Internet, beaucoup de fausses idées circulent et risquent d’aggraver votre état de santé.

Pour en savoir plus, vous pouvez télécharger My MICI Book sur le site du CREGG.

Le Dr Thierry Higuero propose des conseils diététiques adaptés lors des poussées inflammatoires destinés aux patients atteints de la maladie de Crohn ou de Rectocolite hémorragique.