Maladie de Crohn/Rectocolite hémorragique : alimentation en dehors des poussées inflammatoires

On a le témoignage de patients qui disent que leur qualité de vie s’est améliorée simplement en modifiant leur alimentation, mais également leur mode de vie, avec plus de sport et moins de stress.

Combattre les idées reçues

Tout et n’importe quoi circule sur Internet. Le plus souvent, les conseils diététiques qui y sont prodigués sont strictement personnels et absolument pas valables pour une autre personne. Rien n’est validé sur le plan scientifique.

Penser qu’un aliment puisse provoquer une maladie inflammatoire ou l’aggraver est une erreur. Il ne faut donc pas suivre de régime alimentaire pensant contrôler la maladie inflammatoire, car seuls les traitements médicamenteux sont réellement efficaces.

Manger sain et équilibré avec un régime méditerranéen

En dehors des poussées inflammatoires, rien n’est interdit. Il suffit de manger simplement avec des aliments frais, ce que l’on appelle le régime méditerranéen, de prendre le temps pour manger, de ne pas faire de repas trop copieux, plutôt faire des collations si l’on a faim entre deux repas.

Il faut pouvoir reprendre le plaisir de manger, de ne pas se priver, mais en mangeant sain. Cette alimentation doit apporter suffisamment de vitamines et d’oligo éléments. Et si les prises de sang montrent qu’il y a des carences, il ne faut pas hésiter à les supplémenter par des médicaments.

La modification du mode de vie a comme grands principes d’avoir, si possible, une activité physique régulière, d’avoir une alimentation avec des produits frais cuisinés à la maison, d’éviter au possible les aliments ultra transformés. Il faut privilégier les viandes blanches, les poissons, ne pas abuser de la viande rouge, on va dire une fois par semaine, éviter l’alcool, éviter de fumer.

Que penser des probiotiques ?

Le microbiote intestinal représente l’ensemble des micro-organismes que l’on a dans le tube digestif. On en a des milliards et ils participent à notre équilibre physiologique. Au cours des maladies inflammatoires de l’intestin on sait qu’il existe un déséquilibre au niveau de ce microbiote. Donc, logiquement, on peut penser que c’est une cible thérapeutique intéressante.

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, des levures, des bactéries que l’on va ingérer et qui vont agir sur cette flore intestinale. Leur tolérance est excellente et les effets indésirables rares et peu graves. Il existe toute une gamme de produits vendus sans ordonnance, vantant des mérites souvent injustifiés. En effet, en réalité, il existe très peu de preuves scientifiques sur leur intérêt.

Concernant la maladie de Crohn, les études qui ont été faites jusqu’à présent n’ont pas montré d’intérêt à utiliser des probiotiques.

Concernant la rectocolite hémorragique, il existe un type de probiotiques qui serait l’équivalent des 5-ASA. Ce probiotique n’est pas disponible en France.

Un autre probiotique, que l’on appelle le VSL, qui est en réalité une association de probiotiques, a un intérêt dans le contrôle d’une complication qu’on appelle la pochite. Mais la recherche se poursuit et l’on espère trouver des probiotiques utiles à la prise en charge des maladies inflammatoires de l’intestin.

En résumé

En cas de maladie de Crohn et de rectocolite hémorragique, il faut éviter les régimes alimentaires restrictifs à risque de carences et de troubles comportementaux alimentaires.

On conseille plutôt un changement de mode de vie avec plus de sport, moins de stress et un régime alimentaire dit méditerranéen.

L’intérêt des probiotiques en cas de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin est à ce jour limité.

Enfin, il ne faut jamais hésiter à demander conseil à son médecin en cas de récidive des symptômes.

Pour en savoir plus, vous pouvez télécharger My MICI Book sur le site du CREGG.

Le Dr Thierry Higuero prodigue des conseils pour une alimentation adaptée au quotidien lorsqu’on est atteint de maladie de Crohn ou de Rectocolite hémorragique.