Alors pourquoi votre médecin traitant vous parle de coloscopie lors de la consultation ?
Eh bien, c’est parce qu’il fait de la médecine préventive. Et pourquoi il fait de la médecine préventive ?
Eh bien parce qu’à partir d’un certain âge, on développe un certain risque en rapport avec des cancers comme le cancer du sein ou le cancer du côlon.
Donc je vais vous parler un petit peu du cancer du côlon, puisque c’est une maladie qui nous concerne en tant que gastroentérologues.
C’est une maladie fréquente. C’est le deuxième cancer le plus fréquent en France. Plus de 45 000 nouveaux cas par an, c’est un cancer mortel. Alors que si on le détecte à un stade précoce, on peut le guérir dans 90 % des cas. Donc, d’où l’importance du dépistage et d’où l’importance peut-être pour vous de faire une coloscopie.
Qui est concerné par la coloscopie ?
Eh bien, pas tout le monde. En fait, on définit trois niveaux de risque dont je vais vous expliquer un petit peu les principes.
Le premier niveau de risque, c’est, on va dire, le risque de la population générale, le risque moyen. Ce sont des personnes qui ont entre 50 et 74 ans, qui n’ont pas d’antécédents dans la famille de cancer du côlon ou d’adénome. Les adénomes, ce sont des polypes précancéreux chez leurs parents ou chez leurs enfants. On appelle ça les apparentés au premier degré. Chez ces personnes-là, on ne va pas forcément leur recommander de faire une coloscopie d’emblée, on va plutôt leur recommander de faire un test immunologique fécal de dépistage.
Alors bien sûr, on peut aussi décider pour ces personnes-là de faire une coloscopie à titre de dépistage individuel, si jamais on estime qu’ils ont d’autres facteurs de risque, par exemple d’autres apparentés avec un cancer du côlon ou des facteurs de risque liés à eux-mêmes, qui peuvent être le fait de fumer, le tabagisme ou l’obésité.
Les personnes chez qui on va recommander une coloscopie en première intention, ce sont ceux qui finalement sont un peu plus à risque. On appelle ça le groupe à risque élevé. Pourquoi élevé ? Parce qu’ils ont un antécédent chez leurs apparentés au premier degré, donc je rappelle que ce sont soit les parents, soit les enfants, atteints d’un cancer du côlon ou d’une lésion précancéreuse qu’on appelle un adénome, un polype adénomateux, ce qui leur confère un risque plus important.
Donc on va proposer la coloscopie pour avoir, d’une part, un objectif de dépister un cancer à un stade précoce, mais également pour faire une démarche de prévention du cancer du côlon en allant chercher des petits polypes précancéreux qu’on va pouvoir retirer et ainsi prévenir la survenue d’un cancer du côlon.
Ensuite, selon le résultat de la coloscopie, le gastroentérologue pourra définir la démarche future de dépistage. Est-ce qu’on refera une coloscopie dans trois ans, dans cinq ans, dans dix ans ? Ou bien est-ce que si on n’a pas trouvé de polypes et qu’on estime que le risque est faible, on revient à un simple test immunologique fécal de dépistage ?
Et puis il y a une troisième catégorie de personnes beaucoup plus rare, les personnes à risque très élevé, parce qu’il y a un syndrome de prédisposition génétique par exemple. On a trouvé une mutation génétique chez ces personnes-là qui leur confère un risque très élevé de cancer du côlon.
Dans ce cas-là, on va pratiquer une coloscopie tous les ans ou tous les deux ans, et souvent en débutant à un âge précoce.
En résumé
Donc en résumé, lorsqu’on a 50 ans, c’est très important d’aborder le sujet du dépistage avec son médecin traitant ou bien même avec son gastroentérologue.
On va discuter de la présence d’un antécédent chez un apparenté. Donc c’est important de questionner sa famille pour renseigner lors de la consultation s’il y a besoin de faire une démarche de dépistage particulière : est-ce qu’on va faire un test simple de dépistage ou d’emblée une coloscopie ?
Le Dr. Bertrand Brieau, Gastro-Entérologue à Nantes, vous explique comment le niveau de risque conditionne la nécessite de réaliser une coloscopie ou non.