Avoir une maladie inflammatoire de l’intestin n’est pas un obstacle aux voyages, il faut afin d’en profiter, anticiper et privilégier les moments ou la maladie est plus calme.
Des précautions propres à la maladie, mais aussi communes à tous les voyageurs sont à adopter.
QUESTIONS PRATIQUES
Puis-je voyager si je suis atteint de MICI ?
Oui, si la maladie est stabilisée ou en rémission. Il faut éviter de partir en poussée non contrôlée et en période post opératoire précoce.
Puis-je aller partout ?
Il n’y a pas d’interdit. Il est certain qu’en cas de rechute brutale de la maladie, le risque sera plus important si vous vous trouvez dans un pays faiblement médicalisé.
D’où la nécessité absolue de souscrire, avant le départ, une garantie assistance et rapatriement auprès de son assureur ou de son voyagiste. Il est important d’avoir aussi une trousse de « secours » avec les médicaments nécessaires en cas de crise (à établir avec son gastro-entérologue).
Faut-il prendre un traitement préventif ?
Il n’est pas nécessaire de modifier le traitement de la MICI à l’occasion d’un voyage.
Il est, en revanche, indispensable de poursuivre le traitement en cours et d’emporter avec soi la quantité de médicaments suffisante pour la durée du séjour.
Il est également judicieux d’avoir avec soi la dernière ordonnance et les notices des médicaments.
Celles-ci comportent en particulier le nom chimique de la spécialité et son dosage. Cela permettra en cas de consultation ou en cas de rupture de stock, de se réapprovisionner avec un équivalent sur son lieu de séjour.
Quelles précautions dois-je prendre avant mon départ ?
Vous devez effectivement prendre un certain nombre de précautions avant de partir. Certaines sont rendues nécessaires par votre maladie ; d’autres sont propres à tous les voyageurs.
Vous devez :
- Prendre contact avec votre médecin-traitant ou votre spécialiste afin de faire le point sur l’état évolutif de la MICI, et de confirmer que le traitement d’entretien actuel est adapté avant votre départ.
- Vous assurer, comme tout voyageur, que vous êtes à jour de toutes les vaccinations nécessaires pour votre déplacement. Certains vaccins (comme la fièvre jaune) ne sont pas réalisables sous traitement immunosuppresseur ou biothérapie.
- Prendre une garantie assistance et rapatriement parfois spécifique, car les assurances classiques ne couvrent pas parfois les maladies chroniques.
- En cas de voyage en Europe ou en Suisse, il faudra demander sa carte européenne d’assurance maladie pour faciliter la prise en charge dans les hôpitaux en cas d’hospitalisation. Ailleurs dans le monde les soins médicaux urgents peuvent être pris en charge par la CNAM au retour, sous réserve de présenter les justificatifs et que le médecin-conseil accorde le remboursement des soins (juge de la situation d’urgence) dans la limite des tarifs forfaitaires Français.
- Emporter avec vous votre dernière ordonnance, et les notices de tous vos médicaments.Emmener suffisamment de médicaments pour la durée du séjour et quelques jours de plus en cas de retour retardé.
- Prévoir un conditionnement spécial si vous utilisez des suppositoires et que vous vous déplacez dans un pays chaud. Prévoir également un sac isotherme pour vos seringues ou stylos (icoolmedicube à commander sur internet pour garder le traitement pendant 36 heures).
- Pour les voyages en avion, garder ses médicaments dans ses bagages à main avec un certificat médical si possible en anglais (en soute risque de perte ou de retard de bagages).
- Prévoir une protection solaire efficace pour les patients sous immunosuppresseur et/ou biothérapie : lunettes, chapeau, crème indice UVA 50. Certains médicaments peuvent être photosensibilisants.
La maladie risque-t-elle de rechuter à l’occasion de ce voyage ?
Le risque de rechute n’est pas augmenté par un voyage.
La survenue d’une « turista » si l’on séjourne en zone à risque n’entraîne pas de nouvelle poussée aiguë de la MICI. Les précautions à prendre pour se mettre à l’abri de la « turista » sont les mêmes que pour la population générale : ne boire que de l’eau minérale en bouteille capsulée (que l’on ouvre devant vous), ne pas consommer de crudités, de coquillages, de glaçons, éviter les sorbets et glaces.
Aucun traitement préventif de la « turista » n’a fait la preuve de son efficacité. Le traitement est le même que pour la population générale et repose essentiellement sur les anti-diarrhéiques. Les antibiotiques et les antiseptiques intestinaux n’ont pas fait la preuve de leur efficacité ; ils ne sont prescrits qu’en cas de persistance des symptômes.
Lors du passage à la douane, le traitement risque-t-il d’être confisqué ?
Non, mais il est préférable toutefois d’avoir sur soi la dernière ordonnance du médecin-traitant pour prouver qu’il s’agit d’un traitement à usage personnel et parfois un certificat médical en anglais et français.
Que faire en cas de problème durant le voyage ?
Le médecin traitant ou le spécialiste aura, avant le départ, précisé les modifications thérapeutiques à appliquer en cas de problèmes.
Bien qu’il ne soit pas possible de prévoir toutes les éventualités, votre médecin qui connaît parfaitement votre dossier, saura vous donner les conseils appropriés.
Toutefois, en cas de séjour dans un pays de la CEE, il est bon (comme pour n’importe quel touriste) de se munir de la carte européenne (ancien imprimé E 111) délivré par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie en se connectant sur le compte ameli.fr qui permet de bénéficier des mêmes conditions de prise en charge des soins médicaux qu’en France, et qui évite les avances d’argent.
Les vaccinations sont-elles autorisées chez un patient porteur d’une MICI ?
Oui, toutes les vaccinations sont possibles lorsqu’on utilise des vaccins réalisés à partir de virus inactivé (Polio injectable, Hépatite A, Choléra, Grippe) ou de toxines détoxifiées (Diphtérie, Tétanos, Méningite) ou de bacilles inactivés (Coqueluche, Rage) ou d’antigène protéique (Hépatite B, Typhoïde). En revanche les vaccins réalisés à partir de virus ou de germes vivants atténués (BCG, Polio oral, Fièvre jaune, Varicelle, Rougeole, Oreillons, Rubéole, Encéphalite Japonaise, Encéphalite à tique) ne sont pas autorisés chez les patients traités par un immunosuppresseur et une biothérapie.
Puis-je faire du sport ?
Oui, il n’y a aucun interdit. Il est bien évident que lors des poussées, la condition physique ne sera pas suffisante pour s’investir dans une activité intense, ou dans un sport de compétition en poussée il vaut mieux arrêter temporairement le sport puis lorsque l’état s’améliore la reprise doit être progressive.
Il faut adapter son activité physique à son état général. En revanche lors des rémissions, tout est possible. Ceci est valable pour tous les patients y compris ceux ayant une iléostomie. Les appareillages actuels sont parfaitement adaptés et permettent de pratiquer tous les sports sans problème (penser à prendre une poche de rechange lors des baignades et prévoir de l’eau pour se rincer et enlever le sable en cas de lésions ano-périnéales après bain de mer).
La pratique régulière du sport (30 minutes 2 à 3 fois par semaine) participe à l’équilibre général du patient, elle est donc conseillée pour les patients.
Faites du sport, voyagez, sortez ! Avoir une MICI ne doit pas être un frein, mais nécessite un minimum d’anticipation et d’organisation. Votre médecin a un rôle essentiel de conseils et d’accompagnement de vos projets.