L’utilisation de bleu de méthylène associée à l’utilisation de zoom améliore la détection de lésions néoplasiques intraépithéliales. DP Hurlstone et al. ont réalisé une étude prospective dans laquelle ils ont comparé la méthode de dépistage classique à la chromoendoscopie. Sept cents patients porteurs de RCH évoluant depuis plus de 8 ans ont participé à cet essai, 350 ont subi une coloscopie standard avec des biopsies systématiques dans chaque quadrant tous les 10cm. Les 350 autres ont subi une chromoendoscopie avec un endoscope à optique grossissant (endoscope avec zoom) avec des biopsies réalisées au niveau des zones suspectes. Au cours de l’endoscopie, lorsqu’il existait une modification de l’aspect de la muqueuse (pâleur, perte du réseau vasculaire, déformations, érythème), après lavage avec 10 à 20 ml de sérum physiologique, les auteurs pulvérisaient 10 ml d’indigo carmin. Les lésions suspectes étaient analysées au zoom en utilisant la classification de Kudo simplifiée. En plus de ces biopsies orientées, des biopsies systématiques étaient réalisées au niveau de chaque quadrant et tous les 10 cm.
Dans le groupe chromoendoscopie avec zoom, 69 lésions néoplasiques ont été détectées chez 62 patients dont 3 adénocarcinomes tous visibles sans chromoendoscopie ni zoom. Parmi ces 69 lésions, 44 (64 %) étaient des dysplasies de bas grade, 25 des dysplasies de haut grade (35 %). Dans 49 cas (71 %) les lésions n’ont été détectées qu’après chromoendoscopie et zoom. Dans 53 cas (76 %) il s’agissait de lésions planes, dans 16 cas (23 %) de lésions exophytiques. Ainsi 13 494 biopsies ont été réalisées dans ce groupe dont 644 ciblées. Sur les 69 biopsies révélant une dysplasie, 49 étaient des biopsies ciblées, 20 systématiques.
Dans le groupe contrôle, 24 lésions néoplasiques ont été détectées chez 19 patients dont 1 adénocarcinome. Parmi ces 24 lésions, 19 (79 %) étaient des dysplasies de bas grade, 5 des dysplasies de haut grade (21 %). Dans 14 cas (58 %) il s’agissait de lésions planes, dans 10 cas (42 %) de lésions exophytiques. Ainsi 12 851 biopsies ont été réalisées dans ce groupe contrôle dont 369 orientées sur des zones ayant une anomalie muqueuse. Sur les 24 biopsies révélant une dysplasie, 6 étaient des biopsies ciblées, 18 systématiques.
Ce travail montre que la chromoendoscopie est essentielle dans le cadre du dépistage de dysplasie : elle améliore la sensibilité du dépistage. Même si les auteurs signalent qu’une néoplasie intraépithéliale n’a été détectée que chez 1,6 % des biopsies systématiques contre 8 % des biopsies ciblées, il n’est pas envisageable de se contenter de biopsies ciblées puisque, dans 20 cas, la dysplasie a été détectée au cours de biopsies systématiques.