JA Eaden et al (Gut 2001 ;48 :526-35) avaient montré, dans une méta-analyse qu’une RCH sur cinq développera un cancer colorectal (CCR) après 30 ans d’évolution et que ce risque est d’autant plus élevé que la maladie est étendue et évolue depuis longtemps. Deux études cas-contrôle (Moody GA et al. Eur J Gastroenterol Hepatol 196 ;8 :1179-83 et Lindberg BU et al. Dis Colon Rectum 2001 ;44 :77-85) ont montré que ce risque était plus faible chez les patients prenant régulièrement des 5-ASA et deux études de cohorte ont suggéré que les patients suivant un traitement régulier par 5-ASA avaient un risque plus faible de CCR. En utilisant le fichier de données des médecins anglais, sur lequel sont enregistrées en particulier toutes les délivrances de médicaments, les hospitalisations., van Stass et al. ont tenté d’évaluer le risque de CCR chez les patients prenant des 5-ASA. Tous les patients ayant reçu du 5-ASA ou de la sulfasalazine porteurs d’une MICI ont été sélectionnés. Ils ont été comparés à un groupe apparié de patients n’ayant pas reçu de 5-ASA et n’ayant pas de MICI. Un sous-groupe a été plus particulièrement étudié : les MICI prenant régulièrement du 5-ASA.
Sur les 18 969 MICI prenant du 5-ASA (âge médian : 4 ans, suivi médian : 6 ans, nbre moyen de prescriptions de ASA 19,4), 100 CCR sont survenus. Il s’agissait essentiellement de RCH (76 %). Cent vingt quatre CCR sont survenus, 100 chez des patients ayant utilisé du 5-ASA dans les 6 derniers mois. Chacun de ces 100 patients porteur de CCR a été apparié à 6 patients porteurs de MICI prenant régulièrement du 5-ASA. L’analyse de ce sous-groupe fait apparaître que les facteurs de risque de CCR étaient : un antécédent de polype (OR = 10,24), des consultations pour symptômes en rapport avec la MICI, type de la MICI (RCH > Crohn), ancienneté de la maladie (> 10 ans), par contre si la prise d’AINS était moins importante chez les patients n’ayant pas de CCR, la différence n’était pas significative. Les patients ayant utilisé du 5-ASA régulièrement dans les 12 mois précédant avaient un risque plus faible de CCR (OR = 0,67), de même l’effet préventif de la mésalazine semble supérieure à celui de la sulfasalazine. Chez les patients ayant pris des 5-ASA en association à des corticoïdes ou des immunosuppresseurs, il n’y avait pas de différence entre les utilisateurs réguliers et irréguliers de 5-ASA.
Ainsi cette nouvelle étude de cohorte rétrospective semble montrer encore un effet protecteur des 5-ASA dans la prévention du CCR au cours des MICI.