A randomized, double-blind, controlled withdrawal trial in Crohn’s disease patients in long-term remission on azathioprine.

Y Bouhnik et al. (Lancet 1996;347:215-9) avaient montré dans une étude ouverte que les MC qui avaient suivi un traitement par azathioprine durant plus de 3 ans et demi avaient un risque faible de rechute lors de l’arrêt de ce traitement. Le GETAID a décidé d’entreprendre une étude multicentrique en double aveugle afin de confirmer cette hypothèse.

Quatre vingt trois MC, en rémission clinique avec un traitement par azathioprine pris depuis plus de 42 mois ont accepté de participer à cet essai, durant une période de 18 mois 40 MC ont reçu de l’azathioprine, 43 MC un placebo. A 18 mois, 3 MC du groupe azathioprine avaient rechuté contre 9 dans le groupe placebo. La durée de la rémission était de 17,3 ± 0,5 mois dans le groupe azathioprine et 15,9 ± 0,9 mois dans le groupe placebo. La méthode d’analyse de non-infériorité (voir ci-dessous) montre qu’iI n’est pas possible d’affirmer que le placebo est moins efficace que l’azathioprine. Les analyses de sous-groupes permettent toutefois de préciser qu’une CRP > 20, la prise de corticoïdes durant les 50 derniers mois et un taux d’hémoglobine < 12 g sont des facteurs indépendants associés à un taux de rechute supérieur. Par contre, le tabac, la persistance de lésions endoscopiques et la durée du traitement avant l’inclusion n’étaient pas des facteurs prédictifs. Ainsi, cette étude montre que le taux de rechutes après arrêt d’un traitement par azathioprine, même lorsque celui-ci est prolongé, est près de 3 fois supérieur à celui observé lorsque le traitement est poursuivi.

Les auteurs ont décidé d’utiliser un essai de non-infériorité. Ce type d’essai a pour but de démontrer que traitement testé (en l’occurrence le placebo) est aussi efficace qu’un traitement de référence, (en l’occurrence l’arrêt de l’azathioprine) tout en prenant en compte que le traitement expérimental à des avantages sur le traitement de référence sur certains points (ici la toxicité de l’azathioprine). Ce type d’essai est parfois sujet à controverse mais tout dépend du seuil d’équivalence choisi : en l’occurrence M Lémann et al. avaient pris comme hypothèse un taux de rechute de 10 % sous azathioprine et un taux de 20 % de rechute pour parler de non infériorité. Le taux de rechute dans le groupe azathioprine a été de 7,9 % celui dans le groupe placebo de 26 %.

De tels résultats ne peuvent que conduire à préconiser de ne pas envisager d’arrêt de l’azathioprine chez les patients qui sont en rémission même lorsque le traitement est poursuivi depuis longtemps.