Surveillance sous immunosuppresseurs et anti-TNF

Surveillance sous anti-TNF (pas de consensus international, avis d’expert)

  • Surveillance biologique : plaquettes, NFS, bilan hépatique, CRP, Béta-HCG
  • Surveillance clinique : interrogatoire et examen
  • Le rythme des surveillances : conseillé à J15 puis 1 fois par mois les 3 premiers mois puis tous les 3 mois. Sous infliximab, la surveillance se fera lors des injections (S2, S6, puis toutes les 8 semaines)
  • Surveillance gynécologique annuelle avec frottis et dermatologique régulière en fonction du phototype (pas de rythme défini mais annuel si antécédent de naevi)

Surveillance sous AZA (Imurel) et 6-MP (Purinéthol)

Surveillance biologique

  • Hémogramme (NFS) et plaquettes :  
    • 1 fois/semaine le premier mois :  
      • dépister une pancytopénie rapide et sévère. Souvent en rapport avec un exceptionnel déficit total en TPMT (0,3 % de la population générale pour la forme homozygote)
      • classiquement, on observe une macrocytose et une diminution progressive de 50%des polynucléaires et des lymphocytes la première année avec une stabilisation par la suite
      • en cas de lymphopénie profonde, certains proposent un traitement préventif des infections opportunistes à Pneumocystis carinii par Bactrim après typage de la sous-population lymphocytaire
         
    • 1 fois/mois les 3 mois suivants puis tous les 3 mois pour ne pas méconnaître une baisse tardive des leucocytes. Un déficit partiel en TPMT (11 % de la population générale pour la forme hétérozygote) peut entraîner une diminution rapide des leucocytes et plaquettes les premiers mois
       
  • TPMT (thiopurine méthyltransférase) : le consensus ECCO n’a pas recommandé le génotypage et la mesure de l’activité enzymatique systématique (test coûteux) avant de débuter le traitement. L’absence de déficit en TPMT ne met pas à l’abri d’un accident hématologique grave. En cas d’accident grave, il est recommandé de faire le génotypage et la mesure de l’activité de la TPMT. En cas de déficit partiel en TPMT, un ajustement de la posologie peut suffire avec une surveillance hématologique stricte. En cas de déficit complet, le traitement doit être interrompu
  • Bilan hépatique (transaminases, GGT, bilirubine) :  
    • Tous les mois pendant 3 mois, puis tous les 3 mois
    • En cas de cytolyse et/ou cholestase minime d’apparition précoce :  
      • régression spontanée possible
      • si persistance : fractionner ou diminuer la dose ou remplacer par la 6-mercaptopurine (Purineto®)
         
    • En cas de cytolyse et/ou cholestase secondaire, éliminer :  
      • infection virale intercurrente : CMV, VHB, VHC
      • iatrogénie (toxicité des 6MMP chez les patients avec une forte activité TPMT) dosage 6MMP possible
      • Péliose et Hyperplasie Nodulaire Régénérative (surtout si thrombopénie et élévation des GGT). Le risque est majoré chez les sujets de sexe masculin avec antécédent de résection du grêle > 50 cm
         
    • Taux de 6-TGN : le dosage peut être réalisé en cas d’échec du traitement pour rechercher un sous-dosage (< 280) nécessitant une augmentation de posologie (palier de 25 mg) ou une meilleure observance
       

Surveillance clinique

  • En début de traitement :  
    • Intolérance digestive :souvent régressive spontanément, fractionner la prise, diminuer la dose ou changer pour 6-MP
    • Éruptions, céphalées, fièvres, myalgies, arthralgies… (5 à 15 % des malades)
    • Pancréatite aiguë : éviction définitive de l’AZA et 6-MP
       
  • Au long cours :  
    • Bilan dermatologique annuel : il n’existe pas de recommandations officielles, mais il paraît logique de proposer une surveillance cutanée annuelle chez les patients à risque cutané de mélanome ou d’épithélioma s’exposant au soleil
    • Bilan gynécologique annuel : une recherche de dysplasie du col utérin par frottis cervico-vaginal doit être proposé, surtout en l’absence de vaccination contre l’HPV
       
  • Risque de cancer et de lymphome à apprécier en fonction de l’âge, du sexe et de la durée d’exposition au traitement (cf. étude CESAME mais bénéfice > risque)
  • L’association avec l’Allopurinol augmente les risques de toxicité, notamment l’hématotoxicité. Il en est de même avec les 5-ASA à forte dose

En cas de grossesse

  • Contre-indication théorique : effet tératogène chez l’animal (rat)
  • Cependant, les données cliniques sont rassurantes ; il n’a pas été observé d’effet tératogène chez l’homme. Il faut donc peser le bénéfice/risque du traitement, et expliquer clairement les enjeux avec la malade. Une surveillance rapprochée de la grossesse est conseillée
  • En cas de grossesse imprévue sous AZA, il n’est pas recommandé de proposer son interruption

Surveillance sous Méthotrexate (MTX)

Surveillance biologique

  • Hémogramme :  
    • Surveillance comparable à l’AZA, risque de cytopénie (risque faible)
       
  • Bilan hépatique :  
    • Surveillance comparable à l’AZA
    • Risque de toxicité aiguë (hépatite cytolytique, très rare)
    • Risque de toxicité chronique : stéatose, stéatofibrose, cirrhose  
      • groupe à risque : si alcool, obésité, syndrome polymétabolique
      • le risque augmente avec la dose cumulée (> 1,5 g)
      • la PBH après une dose cumulée de 2 g n’est plus systématique
      • une évaluation par Fibroscan® peut se discuter
         
       
  • Toxicité accrue en cas d’insuffisance rénale

Surveillance clinique

  • Troubles digestifs : nausée et diarrhée en début de traitement
  • Éruptions et stomatite
  • Toux et dyspnée parfois associées à une fièvre doivent faire suspecter une pneumopathie d’hypersensibilité : interrompre le traitement

L’ association avec le Bactrim reste contre-indiquée

En cas de grossesse

  • Contre-indication au cours de la grossesse, le MTX est abortif et tératogène
  • Doit être interrompu 3 mois avant la conception chez l’homme et la femme