Symposium Falk 2001

Ce symposium a réuni près d’un millier de gastro-entérologues. Plusieurs thèmes ont été abordés, entre autres :

  • En génétique, la récente identification par JP Hugot et al. d’un gène de susceptibilité de la maladie de Crohn (MC), NOD2 localisé sur le chromosome 16 a largement été commentée. L’importance de la barrière muqueuse dans le déterminisme de la maladie de Crohn a été une nouvelle fois abordée. Facteurs environnementaux, au premier plan desquels les facteurs infectieux, et facteurs génétiques interagissent (J Cho, Chicago). Les bactéries augmentent la perméabilité de la barrière muqueuse par réaction auto-immune, suite à une stimulation pro-inflammatoire par les antigènes bactériens (RN Fedorak, Edmonton). Cette intervention de facteurs génétiques et environnementaux est confirmée par J Katz (Cleveland) qui montre que, si des anomalies de la perméabilité de la barrière muqueuse sont présentes chez 10 à 15 % des parents de sujets atteints de MICI, les épouses peuvent également avoir de telles anomalies. Ceci a conduit à aborder le problème de formes silencieuses affirmées sur des données histologiques. La présence de marqueurs est vraisemblablement déterminée par des facteurs génétiques : JF Colombel montre que 50 % des RCH présentent ce marqueur, mais que celui-ci est également présent chez 17 % des parents non atteints. MC Dubinsky (Los Angeles) a montré que l’association des trois marqueurs (pANCA, ASCA, anti-OmpC) permet d’obtenir une sensibilité diagnostique de 75 %.
  • Dans les formes réfractaires de la MC sont à l’étude : l’anticorps anti-?4 integrine et le RhIL-11(M Vecchi, Milan). La sténose digestive fixée, la cortico-résistance biologique (rôle du NF?B), la dysrégulation de la barrière muqueuse et le rôle de la glycoprotéine 170 (exprimée dans les lymphocytes) sont impliqués dans la résistance des MC pour WJ Sandborn (Rochester). Dans ces formes, J Schölmerich (Regensburg) dose l’azoréductase fécale pour mieux adapter les doses de 5-ASA. Enfin, EF Stange (Stuttgart) a révélé qu’un essai ouvert était en cours avec le 6 thioguanine (6 TG), métabolite de l’azathioprine : le délai d’action passerait à 2-3 semaines au lieu de 12 semaines avec l’azathioprine. Parmi les nouveautés, à signaler un essai ouvert en cours avec un inhibiteur des cytokines pro-inflammatoires, le CNI-1493. A la dose de 25mg/m2, il réduit la production de TNF? et facilite ainsi la cicatrisation. A noter également, parmi les 130 000 sujets traités par infliximab, la survenue de 55 cas de tuberculose dont 7 compliqués de décès.
  • Dans les formes fistulisantes H Present (New York) a rappelé qu’il n’existe que 3 essais contrôlés : la 6MP ferme 39 % des fistules, la ciclosporine 50 %, et l’infliximab 50 %.

    Le rôle du stress dans les RCH a été de nouveau abordé par SM Collins (Hamilton) et M Kamm (Londres), et notamment la responsabilité du système sympathique dans la fragilisation de la barrière muqueuse, surtout dans les formes distales; ce qui expliquerait le rôle favorable de la nicotine, et ouvrirait la voie à des traitements à visée adrénolytique.

  • L’incidence des formes pédiatriques de MC a triplé depuis 1960 (A Elbom-Stockholm). Le retard pubertaire est estimé à environ un an (Buller Rotterdam). JF Markowitz (Manhasset) a rappelé que la cortico-dépendance est plus fréquente chez l’enfant que chez l’adulte, que la nutrition artificielle est efficace, et que le risque de colectomie est estimé à 82% dans les pancolites ulcéro-hémorragiques si l’enfant a moins de 5 ans.

Finalement, beaucoup de questions sont restées sans réponse, mais « les choses continuent à bouger dans le sens de l’efficacité ». Secret espoir de deux “gastros libéraux français” perdus dans une masse de “gastros internationaux”, à qui tout sied : avoir accès dans le monde libéral à la prescription de l’infliximab.