Le 7ème Congrès Européen de gastro-entérologie qui vient de se dérouler à Rome, n’a guère apporté de nouveautés dans le domaine des Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales. On peut regretter les multiples répétitions (communications déjà présentées aux Francophones ou à l’AGA par exemple). Ces journées ont toutefois permis un début d’organisation de l’Europe des MICI. A l’initiative de D’Haens (Louvain), les différents groupes nationaux s’occupant des MICI se sont réunis en vue d’uniformiser leurs travaux à l’échelle européenne. La plupart des groupes travaillent sur des sujets comparables. Seul le groupe français, le GETAID, se concentre essentiellement sur des essais thérapeutiques. R Modigliani (Paris) a signalé que les études épidémiologiques étaient difficiles en France, de nombreux patients sont suivis dans le secteur libéral. Le CREGG (qui regroupe plus du 1/3 des gastro-entérologues libéraux français), par l’intermédiaire de sa Commission MICI, envisage de collaborer à la réalisation d’un réseau MICI à l’échelon national. Cela pourrait être un moyen d’arriver à mettre en commun, en France, le savoir-faire des universitaires et des gastro-entérologues libéraux afin que chacun y trouve son intérêt, avant tout dans l’intérêt des patients.
En ce qui concerne les publications scientifiques à retenir : un essai thérapeutique avec l’Infliximab chez l’enfant qui semble donner des résultats comparables à ceux obtenus chez l’adulte (CP Braegger et al, Zurich) ; un essai encourageant avec le CDP 571, anti-TNF qui a l’avantage d’être humanisé à 95 % et qui donnerait des résultats superposables à ceux obtenus avec l’Infliximab (WJ Sandborn et al, Rochester) ; l’efficacité mais surtout l’excellente tolérance du Budésonide dans la MC de l’enfant (B Linquist et al, Suède) ; mais l’information essentielle vient peut être du rôle des métalloprotéinases dans la destruction cellulaire au cours des MICI (TT MacDonald, Londres).
Un symposium a fait le point sur la chirurgie dans les MICI. Le contenu des communications, l’absence de temps réservé aux questions, n’ont pas permis d’approfondir les problèmes. C Prantera (Rome) a souligné les mauvais résultats de la chirurgie pour MC, effectuée en raison d’une résistance au traitement médical (90 % des patients opérés auront une récidive radiologique ou endoscopique à 5 ans). V Speranza (Rome), dans une série de 520 MC opérées de 1969 à 1996, a montré que seul le tabagisme est un facteur prédictif de récidive et de 2ème intervention, tandis que l’extension, la durée d’évolution, le nombre de localisations n’influent pas. MRB Keighley (Birmingham) a souligné que la coloproctectomie avec anastomose iléo-anale (AIA) est le meilleur traitement chirurgical actuel de la RCH. Le risque de pochite est particulièrement élevé en cas de manifestation extra-intestinale et le risque de sepsis augmenté en cas d’antécédent d’infection périnéale. Aucun élément du bilan pré-opératoire ne permet de prédire quels sont les patients avec mauvais résultat (nombre de selles supérieur à 7/jour). JJ Bauer (New York) dans sa série de 1049 colo-proctectomies avec AIA, retrouve 23,9 % de pochite avec nécessité d’ablation de la poche dans 5 % des cas. L’âge ne semble pas influencer les résultats (aussi bons résultats fonctionnels chez 105 patients). Bauer réalise fréquemment l’anastomose en un temps et propose de réserver une iléostomie transitoire aux patients prenant une dose inférieure à 20 mg de prednisolone ou ceux avec une anastomose sous tension. Enfin Bauer et Keighley réalisent actuellement des AIA pour des patients présentant une MC avec des résultats satisfaisants, bien que le risque de complication semble plus élevé. Plus originale, l’étude de Van Laarhovenven (Utrecht) qui a opéré 12 patients (10 RCH et 2 polyposes) en réalisant une anastomose iléo-néo-rectale sans poche. Après colectomie sub-totale et mucosectomie rectale complète, un lambeau de muqueuse iléale vascularisée est descendu pour recouvrir le rectum ainsi dénudé. L’absence de pochite est le principal intérêt de cette technique qui reste à évaluer.