E. LOUIS (Liège) a parlé des premières applications thérapeutiques concernant les molécules d’adhésion. La molécule idéale selon l’auteur serait une molécule surexprimée dans les états pathologiques, présentant une spécificité d’organe et peu présente en situation physiologique. L’ICAM-1 malgré son caractère ubiquitaire présente certaines de ces caractéristiques. L’étude contre placebo de 20 patients atteints de M.C. corticorésistantes, par un anti-ICAM-1, apporte des résultats intéressants à 6 mois. 5/15 patients sont en rémission dans le groupe traité contre 1/15 dans le groupe placebo. M. PEETERS (Louvain) a fait une mise au point sur les modifications de la perméabilité intestinale dans les MICI. L’augmentation de l’index de perméabilité serait un élément prédictif de rechute de M.C. Le rôle pathogénique des troubles de la perméabilité dans la survenue d’une poussée de M.C. n’est pas encore confirmé .
P. DESREUMAUX (Lille) a exposé les données récentes concernant les cytokines immunorégulatrices. Les lymphocytes expriment un profil différent selon l’état inflammatoire de la muqueuse. Le profil TH-1, faiblement exprimé, est celui que l’on rencontre dans les muqueuses saines et plus fortement représenté en cas de lésion chronique. Le profil TH-1 comprend en particulier de l’Il2 et de l’IFN gamma. Le profil TH-2 est retrouvé uniquement lors des poussées aiguës et comprend Il4, Il5 et Il13. Une meilleure compréhension de ces phénomènes est déduite de l’étude de la muqueuse des patients opérés. Les patients opérés pour des lésions chroniques et en rémission post-opératoire restent en profil TH-1. L’apparition d’une nouvelle poussée s’accompagne d’un passage au profil TH-2, un retour en TH-1 survenant dans des délais variables, après la mise en rémission. Ces variations de la réponse immunitaire sont constatées de façon physiologique chez l’enfant. En effet, le profil TH-2 initial fait place vers 5 ans au profil TH-1 probablement sous l’influence des bactéries intestinales. Plusieurs molécules bloquant ou renforçant l’action de ces cytokines immunorégulatrices sont actuellement à l’étude.
M. LEMMAN (Paris) a fait une revue exhaustive concernant les anti-TNF. Trois études contre placebo effectuées avec le cA2 (anticorps humanisés à partir de la souris) confirment l’intérêt de cette molécule qui donne des résultats intéressants en terme de réponse et même de rémission complète. En cas de M.C. sévères on obtient 65% de réponses au traitement versus 17 % contre placebo et 33 % de rémission complète versus 4% contre placebo. On observe dans les formes fistulisantes de M.C. 62 % d’amélioration versus 26 % contre placebo et 46 % de fermeture complète versus 13 % contre placebo. Ce résultat est obtenu au bout de 100 jours de traitement. Ces résultats encourageants doivent être pondérés par le très fort pourcentage de rechute à l’arrêt du traitement et par la question, qui n’est pas encore résolue, de l’éventuelle responsabilité de cet anti-TNF dans l’apparition d’un lymphome (1 cas sur 200 traités). Autre molécule à l’étude, l’Il 10. Les premières études, si elles confirment la relative innocuité de cette molécule, restent décevantes en terme d’efficacité.