6ème Symposium IBD – 2003

800 participants, 25 nationalités, étaient présents pour ce 6ème symposium MICI, qui, avec ses orateurs de réputation internationale, est un « state of the art « de la Mici-mania.

S. Schreiber (Kiel) a rappelé l’hétérogénéité phénotypique liée aux différentes présentations cliniques de la MC (sténose, fistule, manifestations extra-intestinales, arthropathies.), les implications des variants de CARD 15 sur l’activation bactérienne des macrophages et des cellules épithéliales, médié par le NF-Kb. A.Dignass (Berlin) a détaillé la mécanique conduisant à l’emballement de la réponse immunitaire notamment de la balance apoptose/prolifération cellulaire (balance s’inversant entre RCH et MC), introduisant le rôle important à venir des TTF Peptides ainsi que l’intérêt potentiel, dans la RCH, de l’épidermal growth facteur (EGF). Ph Marteau a insisté sur l’écologie bactérienne de notre tube digestif avec ses différents écosystèmes, leur interaction avec l’hôte. Sa variation au cours des MICI est patente avec prolifération des bactéroïdès, des entéro-bactéries, de certaines E-Coli au détriment des lacto-bacilles et des bifido-bactéries, ouvrant la voie à la nébuleuse des pré et pro biotiques.

J. Eaden (Coventry), a rappelé la nécessité de coloscopie d’excellente qualité avec biopsies multiples pour traquer la dysplasie dans la RCH étendue (34% des cas sur muqueuse « saine »), négligeant l’intérêt potentiel de la chromoscopie.Le consensus sur la CAT en cas de dysplasie de bas grade reste à trouver.Impressionnant les chiffres rapportés par A. Gasche (Vienne) sur la chimio-prévention avec un réduction de risque de cancer de 91 % avec la mésalazine (= à 1,2 gr/j), de 60% avec la salazopyrine (1 à 3 gr/j). Les mécanismes d’action semblent multiples : anti-inflammatoire, pro-aptotoïque, inhibition de l’activité Cox, réduction des mutations par instabilité micro-satellite.Sans oublier l’AUDC dans la chimio-prévention en cas d’association CSP-MICI.

La surveillance est considérée importante par 98% des patients. Parmi les 5 grandes angoisses cancer-colostomie-chirurgie restent sur le podium, alors que le mal-être (social, professionnel et intime) majoré par angoisse et dépression pourrait bénéficier d’une meilleur prise en charge (prenons notre temps !!!).

M. De Vos (Gand) a souligné l’interaction entre intestin et articulation (rôle possible de la circulation lymphocyto-macrophagique) et de l’implication des variants Card 15 (78% des patients sacro-iléïte+MC versus 48 % si MC seule) alors que l’ostéoporose associée aux MICI devrait prochainement bénéficier, pour C Schulte (Essen), de l’apport des bi-phosphonates injectables à action très prolongée (trimestrielle voire annuelle) et de la PTH.

Au plan de la thérapeutique, le retour à une conduite thérapeutique plus graduée classique semble de mise. Après un rappel par S. Hanauer des indications classiques des 5-ASA, G.d’Haens a rappelé leur sécurité d’emploi (l’évaluation annuelle de la fonction rénale semble suffisante) alors que M. Lémann optimisait l’usage des immuno-suppresseurs : adaptation posologique de l’AZA ou de la 6-MP, risques d’hyperplasie nodulaire régénérative hépatique avec la 6TG, posologie de 2mg/kg/j de ciclosporine dans le traitement d’attaque des colites graves, efficacité à confirmer du cyclophosphamide en association avec l’AZA dans la MC réfractaire. F. Strange a repris les études classiques sur l’infliximab dont le Natalizumab semble le meilleur concurrent dans le traitement de la MC, en rappelant que ni CDAI ni CRP ne sont un critère de réponse, que l’atteinte colique répond mieux (41,9%) que l’atteinte iléale (12,8%), que les risques sont essentiellement infectieux. Les stratégies thérapeutiques restent l’approche graduée (S. Hanauer, P. Gionchetti, M. Travis, M.A. Kamm, P. Rutgeerts) en n’omettant l’intérêt des traitements topiques locaux même au long cours dans la RCH, l’intérêt à venir dans la RCH du RDP 58 et du MLN 02 (deux noms à retenir) ainsi que l’EGF (la RCH semble donc sortir de l’ombre.