Santé numérique et Hépato-Gastroentérologie par Guillaume Bonnaud

Pourquoi un livre sur la santé numérique alors que la plupart des gastroentérologues sont en « burn-out digital » suite aux innombrables webinaires et téléconsultations à la chaine mis en œuvre depuis le début de la pandémie Covid ?

Ce livre devrait nous permettre de prendre un peu de recul devant l’extraordinaire apport du numérique en santé. Cette irruption du numérique dans le domaine du soin concerne à la fois le périmètre de celui-ci et son organisation en profondeur. Ne pas vouloir utiliser le numérique est un renoncement à une révolution majeure qui doit permettre d’améliorer nos pratiques médicales tout en donnant à nos patients la possibilité de devenir eux-mêmes acteurs de leur propre santé. Par exemple, comment ne pas reconnaître l’intérêt des techniques de télémédecine pour favoriser un suivi plus étroit et un meilleur lien avec les patients ?

L’amélioration de l’éducation médicale permise par le numérique n’est pas limitée au seul patient ; elle concerne aussi le médecin. En optimisant ses connaissances, le praticien peut ainsi mieux écouter et offrir une prise en charge globale, intégrant les dimensions humaines, bien au-delà du soulagement des seuls symptômes et des simples traitements. La multitude des données, leur suivi au long cours, l’apport de l’intelligence artificielle permettront de mieux prévenir les maladies et de personnaliser leur prise en charge.

Nous avons certes cru que la Covid serait un accélérateur du recours au numérique, mais finalement cet usage se révèle moins important que pressenti. Les raisons sont liées aux contraintes persistantes concernant les outils disponibles et au positionnement imparfait de l’approche numérique notamment pour la téléconsultation. Les multiples webinaires d’éducation médicale ont entraîné une véritable saturation de la plupart d’entre nous, et ont mis en exergue le manque d’interactions sociales et plus généralement humaines, telles que nous les connaissions dans les congrès présentiels « du monde d’avant ». De surcroît, la plupart des tâches digitalisées hors téléconsultation, que ce soit pour l’éducation du patient ou la pratique médicale ne sont pas financées, frein majeur à leur développement et deviennent des facteurs d’épuisement du praticien pour répondre aux multiples demandes du patient sur divers canaux (téléphone, SMS, mails…).

Face à cette révolution numérique qui permet une autre organisation des soins, il va falloir ensemble, médecins et patients acteurs de leur santé, trouver un juste équilibre entre les interventions des professionnels et celles des technologies. Ce sera sûrement l’un des principaux défis du médecin, « gastroentérologue augmenté » de demain et des organismes financeurs qui doivent être à l‘écoute de ce qui se joue.

Je vous souhaite une bonne lecture et espère vous motiver pour devenir acteur, actrice, de cette évolution numérique souhaitable.

Un grand merci aux laboratoires TAKEDA qui ont soutenu cet ouvrage et participé à son écriture, engagés dans le concept de médicament/service numérique.

Guillaume Bonnaud Président du CREGG