Lettre mensuelle n°57 – Mai 2016 | L’amélioration des stéatohépatites métaboliques par la diminution de la surcharge pondérale

JFHOD 2016

« La stéatohépatite métabolique est une maladie de plus en plus fréquente et sa prévalence augmente sans cesse », a souligné Julien Vergniol (Bordeaux) au cours d’un symposium des Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie & d’Oncologie Digestive. Il est démontré que le surpoids, tout comme l’alcool, est directement lié à cette pathologie. Une des solutions passe sans aucun doute par la capacité à faire perdre du poids aux patients atteints d’une NASH et à lutter contre la sédentarité. Il faut donc agir et le faire vite tant la stéatose touche le monde entier.

Pour rappel, le syndrome métabolique se caractérise par au moins trois des cinq critères : un tour de taille > 102 cm chez un homme, 88 cm chez une femme ; des triglycérides > 1,50 g/L ; l’HDL Cholestérol < 0,4 g/L H et 0,5 g /L F ; une tension artérielle > 130/85 et une Glycémie > à1,1 g/L.

L’obésité et l’HTA sont des facteurs de risque évidents tout comme le diabète. JF Gautier (Endocrinologue, Paris) le remarque, « 100 % des patients diabétiques de type 2 ont un syndrome métabolique et il les tue. »

L’important est d’identifier les patients atteints d’une fibrose pour éviter le passage au stade de cirrhose dans 20% des cas puis d’hépato carcinome (1ère cause de CHC). Pour cela, le diagnostic s’avère souvent simple en analysant le rapport AST/ALAT. En effet, il y a 85 % de chance qu’il n’y ait pas de fibrose en absence de syndrome métabolique. Il faudra effectuer une évaluation de la fibrose par un fibrotest, un fibromètre ou un fibroscan qui détermineront l’intérêt ou non de la réalisation d’une biopsie hépatique (progression lente de F0 à F4).

L’évolution de la stéatose

« La question est savoir si une stéatose simple peut évoluer vers une NASH, explique Lawrence Serfaty (Paris). Or, une étude (Cave M et al, Hepatology 2010) a montré que sur 25 cas, 16 ont progressé dans ce sens. Cela est lié à l’âge, au poids, au diabète et aussi au stade de l’inflammation ». En cas de fibroscan normal lors d’une stéatose, on conseille d’effectuer une nouvelle mesure dans 5 ans.

En fait, il convient de différencier trois possibilités, la stéatose pure, la stéatohépatite non Nash et la NASH comme le montre le tableau ci-dessous extrait de la présentation de L Serfaty.

Le diabète de type 2 requérant de l’insuline est d’ailleurs un marqueur de la NASH.

Stéatopathie métabolique : histoire naturelle

 

La prise en charge 

« Même s’il existe peu d’études, note Jean-Michel Lecerf (Pasteur Lille), force est de constater que le surpoids est pratiquement toujours présent (dans 80 et 100 %) ».  Les tissus adipeux augmentant avec l’obésité, ils entraînent une insulino-résistance qui elle-même accroît la lipolyse et favorise la NASH. De même l’excès en lipides favorise l’apparition d’une NASH. Une équipe Cubaine a montré récemment qu’une perte de poids ≥ 10% permettait une régression de la fibrose dans plus de 90% des cas.

Peu de médicaments sont disponibles. Les analogues du GLP-1 (Liraglutide) pourraient être intéressants par une perte de poids et une amélioration de l’insulino-résistance.

La perte de poids va donc permettre de diminuer le tissu adipeux et donc la lipolyse. « Par contre, prévient JM Lecerf, il convient d’être prudent et de contrôler la perte de surcharge pondérale sans la faire baisser trop rapidement car alors la lipolyse peut au contraire augmenter. C’est le cas des régimes excessivement hypo lipidiques qui accroissent la néolipogénèse – augmentation des triglycérides, augmentation de la stéatose. De même la chirurgie bariatrique peut parfois aggraver (de façon transitoire) la stéatose. »

Le socle de l’approche thérapeutique est représenté par un changement profond du mode de vie et une réduction progressive du poids en diminuant toutes les calories, accompagné aussi d’une reprise de l’activité physique.

Il faut, bien entendu, éviter les boissons sucrées, limiter les graisses saturées et l’alcool. Enfin, quand on sait que le fer, le microbiote,  le thé ou les omégas 3 peuvent eux aussi interagir, on ne peut que constater que ce suivi diététique demande de l’attention et sans doute l’accompagnement par un spécialiste.

En l’absence de pilule miracle et compte tenu du caractère plurifactoriel de la NASH, la prise en charge doit être individuelle et personnalisée.

Bernard Grunberg
Président de la commission Motricité et nutrition du CREGG

Le programme RNPC