Lettre mensuelle n°49 – Juin 2015 | Commission photothérapie et photodiagnostic

15th International Photodynamic Association (IPA) Congress

IPA - Rio 2015Cette communication, en séance plénière, très appréciée par les participants, concerne la création d’un registre évaluant les indications et les résultats des traitements par thérapie photo dynamique (PDT), avec le Photofrin, des cancers des bronches et de l’oesophage.

« A multicenter registry to evaluate indications and outcomes for PDT in bronchogenic and esofageal cancers ». Patrick Ross, The Ohio State University College of Medicine, Columbus, OH-USA

La PDT avec le Photofrin est approuvée depuis plus de trente ans dans ces deux indications.

Ce registre multicentrique a débuté avec la participation de 5 centres hospitaliers aux Etats-Unis et comprend actuellement 20 centres.

Chaque centre analyse rétrospectivement, jusqu’à dix ans, les cas cliniques avec revue pour ces patients : des indications, de la dosimétrie, des complications et de la survie.

Une étude prospective est également effectuée dans chaque centre.

Objectifs de l’étude prospective

  • Efficacité à court et à long terme basée sur le contrôle des symptômes
  • Efficacité du traitement à titre curatif des cancers in situ ou à un stade précoce
  • Tolérance de la PDT en association avec les autres thérapeutiques
  • Morbidité et mortalité de la PDT selon le site et les stades des lésions
  • Survie d’un traitement par PDT à titre curatif
  • Survie d’un traitement par PDT à titre palliatif
  • Appréciation du traitement par les patients

Ce registre multicentrique, grâce au nombre très important de recueil de données (Big Data) va permettre : une stratification et une sélection des patients pouvant bénéficier de la PDT avec Photofrin.

Résultat

Ce registre a déjà inclus :

  • dans l’étude rétrospective : 353 cancers de l’oesophage et 474 cancers des bronches soit 827 au total.
  • dans l’étude prospective : 76 cancers de l’oesophage et 98 cancers du poumon.

Deux critères ont été ajoutés dans l’étude prospective : la tolérance en cas de thérapeutiques associées et le recueil des données concernant la qualité de vie.

L’analyse intermédiaire des 1000 premiers patients montre :

  • l’intérêt de l’association thérapeutique : PDT et autres traitements actuels apportant une plus-value à tous les stades de ces deux maladies.
  • des évènements indésirables mineurs : la phototoxicité et les complications sont rares.

Commentaires

L’intérêt majeur de la réalisation de ce registre apparaît déjà dans les premiers résultats sur 1000 patients.

En France, en 2015, le contraste est étrange pour ces mêmes indications thérapeutiques. L’HAS (1) déclare, après examen de quelques publications citées : « Compte tenu de ces éléments, la Commission considère que le service rendu par Photofrin 75 mg poudre pour solution injectable est faible dans l’indication : Traitement des rechutes des cancers bronchiques non à petites cellules ou du cancer de l’oesophage ayant fait l’objet d’un traitement locorégional antérieur. La commission donne un avis favorable au maintien de l’inscription sur la liste des spécialités agréées à l’usage des collectivités dans l’indication et aux posologies de l’AMM. »

Une conséquence administrative financière inattendue et non conforme a l’avis ci-dessus fait suite : le non remboursement du Photofrin (publiée au Journal Officiel du 24 février 2015 avec effet au 1er Mars 2015), alors que l’indication du Photofrin dans ces deux indications est validée depuis le 9 avril 1996 (AMM).

L’importance du registre en cours aux USA, qui va analyser toutes les données (Big Data) de milliers de patients, nécessite un nouvel examen des experts de l’HAS qui sont à l’origine d’une décision tout à fait contraire à l’intérêt des malades pouvant bénéficier de la PDT. Deux exemples actuels sur l’oesophage : Un patient en cours de traitement a l’obligation soudaine de financer le Photofrin pour sa deuxième session pratiquée après le 1 mars et l’autre patiente 61 ans, en attente de solution, après échec de la radiothérapie et de la chimiothérapie pourrait, après examen en RCP, bénéficier de la PDT avec Photofrin, seul recours thérapeutique (ref : 2 et 4) mais impossible suite à l’avis de l’HAS.

Les publications récentes non examinées et différentes de celles citées par l’HAS soulignent aussi l’intérêt de l’utilisation du photofrin. Réf : 1, 2, 3, 4.

Une deuxième communication sur le même sujet : « PDT in thoracic oncology : a pathway to future utilisation » P. Ross USA, a rappelé les indications de la PDT basées les preuves de l’efficacité de la PDT par Photofrin :

  • Action sur de multiples types de cellules
  • Stimulation de l’immunologie naturelle
  • Facilité d’application
  • Association justifiée aux autres traitements : radiothérapie, chimiothérapie et immunomodulateurs
  • Répétition possible du traitement et même après radiothérapie
  • Faible morbidité et mortalité

Une troisième communication, également dans ces 2 indications, oesophage et bronches, concerne la PDT avec le Photofrin chez les patients octogénaires « Photodynamic Therapy in the Octogenarian » P Ross, P Skabla, P Shah et al.

Etude portant sur des inclusions de 2007 à 2014.

Oesophage :

  • 21 patients avant Chimiothérapie
  • 23 patients avant Radiothérapie

Bronches :

  • 10 patients avant Chimiothérapie
  • 16 patients avant Radiothérapie

Conclusion

  • Chez le patient âgé la tolérance est excellente
  • La PDT est efficace avec un très faible risque de photosensibilisation
  • La morbidité est équivalente à celle de la population générale
  • La PDT doit être utilisée en 1ère ligne de traitement
  • La PDT est aussi un traitement additionnel aux autres thérapeutiques

En clôture du congrès, il m’est agréable de vous informer du prix « Basic PDT Research Excellence » obtenu pour une équipe française : Dr. Henri Azaïs et Pr. Serge Mordon, Lille. Communication certes non gastroentérologique mais intéressante : « A folate-targeted photosensitizer to improve specificity of intraperitoneal photodynamic therapy of ovarian peritoneal metastasis ». Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec l’équipe du Pr. Céline Frochot à Nancy.

Pour information, le Pr. Serge Mordon, directeur de l’unité de recherche Inserm, spécialisé en Photothérapie et Photo diagnostic à Lille a rejoint la commission photothérapie et photodiagnostic du CREGG.

Dr Jacques Etienne
Président de la Commission Photothérapie et Photodiagnostic

Références

  1. UEGW 2011 – Barrett’s oesophagus : CLINICAL REAL LIFE INCIDENCE OF NON CIRCULAR LASER IRRADIATION ON ESOPHAGEAL STENOSIS POST PHOTODYNAMIC THERAPY FOR BARRET’S ESOPHAGUS WITH HIGH GRADE DYSPLASIA AND/OR INTRA- MUCOSAL CARCINOMA 
 J. Etienne 1,*, J. M. CANARD 1, L. PALAZZO 1, F. MAL 21paris 75116, CLINIQUE DU TROCADERO, 2Paris, INSTITUT MUTUALISTE MONTSOURIS, Paris, France
  2. UEGW 2014 – Salvage photodynamic therapy for patients with local failure after chemoradiotherapy for esophageal squamous cell carcinoma . Tomonori YANO, Ken HATOGAI, Ttakasshi Kojima et al . Dept of Gastroenterology, Endescopy division and Oncology division, National Cancer Hospital East, Kashiwa, Japan
  3. J Thoracic Dis 2011 ;4 :63-75 – Photodynamic therapy for the treatment of non-small cell lung cancer Charles B Simone, Joseph S Friedberg et al. Hospital of the University of Pennsylvania, Philadelphia, Dpt of surgery
  4. Journal of Cancer Therapy, 2014,5,647-656 – Salvage Photodynamic Therapy is an effective and safe treatment for patients with local failure after definitive chemo radiotherapy for esophageal squamous cell carcinoma Yoko Mashimo, Yamusama Ezoe, Kosuke Ueda et al. Dpt of Gastroenterology, Graduate school of medicine, Kyoto University, Kyoto, Japan