Cancer colo-rectal

Prévention et dépistage du cancer colo-rectal

Avec plus de 40 000 cas par an et 18 000 décès, le cancer colorectal est un des cancers les plus fréquents en France.

Il est le troisième cancer de l’homme après le cancer de la prostate et le cancer du poumon et le deuxième cancer de la femme après le cancer du sein.

Il est la deuxième cause de décès par cancer en France après le cancer du poumon et devant le cancer du sein, 95% des cancers surviennent après 50 ans (on a donc 5% des cancers qui surviennent chez des personnes parfois très jeunes).

L’âge moyen du diagnostic est de 70 ans et l’incidence (le nombre de cas annuel) est en constante et régulière augmentation au cours de ces dernières décennies avec une stabilisation actuelle du nombre de cas annuel.

Le risque de cancer colorectal augmente régulièrement avec l’âge et il est la première cause de décès par cancer en France après 85 ans.

Le risque estimé de faire un cancer colorectal entre 50 ans et 74 ans est de 4% pour l’homme et 3% pour la femme, soit en moyenne, un français sur trente risque d’être touché par ce cancer.

Avec les progrès médicaux et le dépistage précoce, la mortalité est en baisse ces dernières années, au stade où le diagnostic est actuellement fait en France et les chances de survie sont de 56% en moyenne.

Aux Etats-Unis, un dépistage intensif a permis de faire baisser le nombre de cas annuel au cours de ces dernières années.

Il existe, dans notre pays, des disparités régionales avec un risque nettement plus élevé dans les régions du Nord Est (Nord pas de Calais, Picardie, Alsace Lorraine, Champagne-Ardenne).

Les chances de guérison (pronostic de la maladie)  sont étroitement liées avec le stade du diagnostic allant de 100% (cancers superficiels intra muqueux retirés endoscopiquement) à 5% (cancers métastatiques non opérables).

Les signes cliniques sont habituellement tardifs et souvent banals comme les douleurs abdominales, les troubles du transit et parfois la présence de sang dans les selles.

Cette présence de sang dans les selles ne doit pas être automatiquement mise sur le compte d’hémorroïdes internes et doit inciter à réaliser une coloscopie quelque soit l’âge.

Souvent le cancer colorectal n’entraîne aucun symptôme pendant plusieurs années avant de se déclarer.

Le processus qui mène à la cancérisation d’un polype bénin est habituellement long (plusieurs années).

Lorsque des signes cliniques de gravité sont présents : altération de l’état général (amaigrissement, anorexie, asthénie), le stade de la maladie est évolué et souvent métastatique avec des chances de guérison très faibles.

Le cancer se développe donc dans la quasi-totalité des cas, à partir d’un polype initialement bénin, de nature adénomateuse ou hyperplasique.

La séquence qui part d’un polype bénin (adénome) à un cancer (adénocarcinome) est bien connue et on estime qu’il faut environ 8 à 10 ans pour qu’un polype se transforme en cancer.

Le dépistage  du cancer colorectal est organisé en France depuis 2008 et dans la plupart des pays industrialisés en raison d’une forte incidence.

Ce dépistage concerne exclusivement le groupe de population à risque moyen, c’est-à-dire sans facteur de risque de cancers colorectaux (antécédents familiaux, maladie inflammatoire chronique de l’intestin) et sans symptomatologie clinique.

Ce test consiste à détecter la présence de sang microscopique non visible avec la réalisation d’un test HEMOCCULT sur un échantillon de selles.

Ce test à une sensibilité pour le diagnostic de cancer de 50% ce qui signifie qu’il peut détecter 50% des cancers mais également négliger 50% de ces cancers.

Lorsque le test HEMOCCULT est positif, on retrouve un cancer colorectal dans 10% des cas et dans 30% à 40% des cas, un polype qui a pu être à l’origine d’un saignement.

Lorsque le test HEMOCCULT est positif, il est impératif, naturellement, de réaliser une coloscopie totale.

La coloscopie totale doit être réalisée de manière systématique lorsqu’il existe de facteurs de risques de cancers colorectaux en présence de cas de cancers dans la famille, en particulier du 1er degré ou deux cas du 2nd degré.

Cet examen doit également être réalisé en présence d’une symptomatologie intestinale de type colique : douleurs abdominale, troubles du transit, présence de sang dans les selles.

Cet examen permet de dépister la totalité des cancers et de savoir s’il existe ou non des polypes ainsi que d’en faire l’exérèse.

La quasi-totalité des polypes est résécable endoscopiquement (en cas de très volumineux polypes, l’indication peut être chirurgicale).

Les polypes sont le plus souvent bénins (adénome ou hyperplasie) mais peuvent être en voie de transformation maligne (dysplasie de haut grade) ou dégénérée (foyer de cancer)

Si le foyer de cancer est superficiel, le traitement endoscopique peut être suffisant avec des chances de guérison de 100%.

L’exérèse des polypes (polypectomie) réduit donc le risque de développer un cancer du côlon à 5 ans, de 60% à 90%.

Si le cancer colorectal n’a pu être évité, il fera l’objet d’un traitement chirurgical  par résection d’un segment colique (colectomie droite ou gauche), résection rectale ou amputation abdomino périnéale.

Un traitement complémentaire peut s’avérer nécessaire par chimiothérapie adjuvante en cas de ganglions envahis sur la pièce opératoire ou par radio chimiothérapie en cas de cancer du rectum à partir d’un certain stade tumoral.

L’évolution des métastases peut être contrôlée par la chimiothérapie.

Si cela est le cas et si leur nombre est limité, l’exérèse peut être chirurgicale avec des chances de guérison importantes.

On parle de guérison lorsque la surveillance pendant les 5 ans qui suivent le traitement n’a pas objectivé de signe d’évolution.

Après l’exérèse d’un polype ou d’un cancer, la portion colique restante est à risque de récidive de cancer et il est important de surveiller le côlon par endoscopie exclusivement jusqu’à un âge raisonnable.

Le cancer colorectal est un cancer évitable et il n’y a pas d’âge pour le prévenir.

Dr Eric VAILLANT

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